PAR KATERINE PARD, AGR.
ARTICLE PARU DANS
CHEVAL QUÉBEC MAGAZINE - ÉTÉ 2018 - VOL.36 NO.2 |
L’impact de l’alimentation sur l’excitabilité
du cheval L’excitabilité chez le cheval est une préoccupation importante pour un grand nombre de propriétaires. Cela affecte non seulement les cavaliers de compétitions qui veulent un équilibre entre la performance et le contrôle, mais aussi les amateurs. Tout bon cavalier recherche cette stabilité lui permettant de maintenir le contrôle de son partenaire tout en ayant suffisamment d’énergie pour performer. Nous entendons fréquemment les propriétaires se plaindre à ce sujet, et l’alimentation de l’animal semble souvent être l’explication la plus plausible. Bien qu’il existe plusieurs facteurs autres que l’alimentation affectant l’excitabilité du cheval, il est vrai que cette dernière peut jouer un rôle important dans l’apport énergétique de l’athlète équin. Cet article présente un bref rappel de certains facteurs nutritionnels pouvant affecter l’excitabilité de l’animal, et comment tenter de mieux les contrôler. Tout d’abord, définissons bien le terme « excitabilité ». Le phénomène fait référence à ce que le monde équestre appelle souvent de la « mauvaise énergie » : Le cheval de barils qui tente un saut périlleux dans la chute avant d’entreprendre son patron, le cheval de dressage qui fait un grand écart inexpliqué dans le coin du manège qu’il a passé au moins 2 000 fois, mais qui semble si épeurant en ce jour ensoleillé, ou encore le cheval de randonnée qui semble marcher sur des oeufs en renâclant dans le sentier derrière l’écurie… qu’il fréquente depuis des années. Ce trop-plein d’énergie imprévisible et désagréable est ce qu’on définit comme l’excitabilité. Cela ne fait pas référence à l’énergie du cheval en soi. Il est important de le préciser puisque, tout comme nous, chaque cheval a sa propre personnalité et il est important de comprendre que certains chevaux peuvent, de nature, être plus énergiques. Cette énergie ne fait pas référence à leur excitabilité, seulement au fait qu’ils sont de nature plus active que certains et doivent dépenser plus d’énergie. Le meilleur exemple est le Thoroughbred de course vs le cheval Canadien. De nature, ils ont tendance à avoir des niveaux d’énergie différents. Par contre, ils peuvent tous deux avoir des périodes d’excitabilité. Le premier coupable de ce phénomène est ce que l’on appelle le niveau d’hydrate de carbone non structural (HCNS) ou le taux de sucre. Le concept est plutôt simple : les sucres « simples » ou HCNS sont facilement assimilés par l’animal et se retrouvent rapidement dans la circulation sanguine sous forme de glucides qui n’ont pas besoin de réelle transformation. Les glucides sont, grossièrement, soit utilisés comme source d’énergie, ou transformés en réserve disponible au besoin. Le métabolisme du cheval utilise les glucides comme le moteur de votre voiture utilise l’essence pour fonctionner. C’est la source de calories la plus simple et la plus facilement utilisable. Une ration alimentaire forte en sucres simples (donc avec un taux d’HCNS élevé) peut effectivement créer un trop-plein d’énergie disponible pour le cheval. Il est important de mentionner ici que l’excitabilité créée par ces sucres ne dure pas extrêmement longtemps. Normalement, cette énergie se manifeste quelques heures après le repas et se dissipe après un peu plus de quatre heures, le temps que le système digestif du cheval prend pour assimiler ces sucres au niveau de l’intestin grêle. Donc, comment faire pour réduire les risques d’excitabilité dus au taux de sucre dans la ration ?
Un autre facteur pouvant affecter l’excitabilité chez le cheval est l’apport en vitamines et minéraux. Trop souvent nous entendons les gens se plaindre de l’énergie de leur cheval suite à l’ajout d’un supplément complet à la ration, ou autre changement alimentaire. Encore une fois, l’explication est plutôt simple, mais d’abord il faut comprendre le rôle des vitamines et des minéraux dans le métabolisme du cheval. Au même titre que les glucides, le gras et les acides gras volatiles sont l’essence du moteur de votre cheval alors que les vitamines et les minéraux en sont la bougie d’allumage, créant l’étincelle nécessaire pour « brûler » cette essence. C’est très important de comprendre ici que les vitamines et les minéraux ne sont en aucun cas des sources de calories ! Les vitamines et minéraux ne peuvent pas être transformés en calories au même titre que les glucides et jouent un rôle complètement différent dans le fonctionnement du métabolisme. Ils sont des cofacteurs et des transporteurs primordiaux aux réactions métaboliques nécessaires au bon fonctionnement du cheval. Un exemple bien connu est le fer qui fait partie de la protéine hémoglobine impliquée dans le transport de l’oxygène dans le sang. Ici, le fer (un minéral) joue un rôle facilitant pour transporter l’oxygène dans le corps du cheval et ne sert en aucun cas de source d’énergie. Bien qu’il soit essentiel pour la respiration du cheval, le fer n’affecte pas son excitabilité. Il joue, indirectement, un rôle dans son niveau d’énergie, puisqu’un cheval qui respire bien a tendance à être plus énergique. Cet exemple est vrai pour la majorité des vitamines et des minéraux qui jouent différents rôles, mais sont indirectement reliés à l’énergie globale de l’animal. Il est vrai qu’un cheval carencé (n’ayant pas suffisamment de vitamines et de minéraux pour combler ses besoins) est plus calme ou amorphe. Cela dit, il n’est franchement pas éthique de carencer volontairement un animal pour réduire son niveau d’énergie. Revenons à la différence entre excitabilité et énergie : si le cheval a trop d’énergie, peut-être n’est-il pas le bon partenaire pour les projets envisagés avec lui ? Lors de l’ajout d’un nouveau supplément, ce qui a tendance à créer un changement comportemental, nous conseillons toujours d’introduire ces aliments de façon graduelle ce qui a pour effet de stabiliser et de réduire les changements comportementaux chez le cheval qui se sent maintenant mieux après avoir été « malade » (carencé). L’apport en supplément doit être augmenté très lentement et, lorsqu’un changement comportemental est observé, il faut maintenir la quantité donnée même si la quantité désirée pour balancer la ration n’est pas encore atteinte. Le cheval s’habitue alors graduellement à son nouvel apport en vitamines et minéraux ; quand son comportement s’est stabilisé, on recommence à augmenter la quantité de suppléments jusqu’à ce que la bonne quantité soit atteinte. De cette façon, le cheval a le temps de bien assimiler sa nouvelle alimentation et les écarts d’énergies sont réduits. En conclusion, la quête d’une nourriture qui n’excitera pas un cheval doit comprendre ces éléments :
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