PROPOS DE KATERINE PARD RECUEILLIS PAR STEPHANIE MCINNIS
ARTICLE PARU DANS
CHEVAL QUÉBEC MAGAZINE - PRINTEMPS 2017 - VOL.35 NO.1 |
Le rôle et le travail du consultant en nutrition équine.
Un partenaire mal connu des propriétaires de chevaux L’alimentation du cheval étant une véritable science en soit, il est parfois difficile de s’y retrouver. Les questions qui nous viennent à l’esprit sont parfois très simples : quelle quantité dois-je lui donner ? Pour quel type de produit devrais-je opter ? Comment savoir s’il boit assez ? Mais d’autres fois plus complexes : J’aimerais lui faire prendre du poids sans pour autant modifier son tempérament, est-ce possible ? Devrais-je ajouter un supplément de ceci ou cela ? De quoi a-t-il véritablement besoin étant donné son niveau d’exercice ? Mon cheval est dans telle ou telle condition, comment puis-je l’alimenter adéquatement ? Est-ce que ces produits sont équivalents ? Sachant que l’étiquette d’un sac de moulée nous en dit bien peu sur le produit, et que même un foin qui nous semble « beau » peut être très peu nutritif, il devient presque impératif de faire appel à une personne plus compétente que nous dans le domaine ! Heureusement, des consultants en nutrition équine peuvent répondre à toutes nos questions. Nous en avons rencontré une qui oeuvre dans le milieu depuis plus de 9 ans. Quel est votre titre exactement ? Je suis consultante en nutrition équine. Quelle est votre formation générale ? J’ai fait un baccalauréat en agronomie à l’Université Laval. Je fais aussi partie de l’ordre des agronomes du Québec. D’où vient votre passion pour les chevaux ? D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours adoré les chevaux. La première phrase complète que j’ai pu faire devait être : est-ce que je peux avoir un cheval ? J’ai donc eu mon premier cheval à l’âge de 8 ans. C’est là que j’ai compris l’importance des cours d’équitation, alors j’ai commencé à monter en Western pour faire mes brevets de cavalier. J’ai eu la chance de travailler dans un gros élevage de chevaux Holsteiner au Centre-du-Québec pendant 4 ans où j’ai beaucoup appris sur toutes les étapes de la vie d’un cheval, de la récolte de semence de l’étalon jusqu’au moment où le cheval est entraîné et prêt à la vente. J’ai aussi travaillé avec un vétérinaire équin spécialisé avec les chevaux de course pendant quelques mois, donné des cours à des débutants, fait un peu de compétitions, etc. Je crois que c’est inscrit dans mes gènes ! En quoi consiste votre travail ? En plusieurs choses. La majorité du temps, je suis sur la route. Je vais dans les écuries afin de conseiller le mieux possible les propriétaires de chevaux sur la façon de nourrir leurs bêtes. Je pèse les chevaux, vérifie leur cote de chair, leur hydratation, je pèse chacun des aliments de leur ration, je discute avec le propriétaire des problèmes de santé antécédents ou actuels, du tempérament du cheval, de son niveau d’énergie et d’exercice et j’ajuste le tout selon les besoins du cheval. Je donne alors des recommandations sur les quantités de moulée et/ou de supplément à servir afin d’avoir le meilleur résultat possible selon les objectifs et le budget de mon client. Lorsque c’est possible, je prends des analyses de foin. Je fais aussi les suivis de gestation et de croissance des poulains afin de prévenir les problèmes de croissance comme l’OCD (ostéochondrose), les contractures de tendon ou les épiphysites. Le moment le plus important dans la vie d’un cheval, c’est la période de sa conception jusqu’à l’âge 2 ans. Un cheval adulte, ça pardonne beaucoup plus qu’un poulain lorsqu’on fait des erreurs, en alimentation aussi ! Mon but est de prévenir le plus possible les problèmes de santé reliés à l’alimentation, comme la fourbure, la myopathie de stockage de polysaccharide (PSSM), les coliques, les carences en sélénium, etc. Je donne aussi des conférences et des formations, et j’écris des articles. En fait, une grande partie de mon travail consiste à sensibiliser les propriétaires sur les besoins de leurs chevaux. Il m’arrive aussi de conseiller les propriétaires d’écuries sur le type de semences à utiliser dans un champ de foin versus un pacage dépendamment du type de sol, du drainage et de la fertilisation afin d’avoir les meilleurs rendements possible. J’aide aussi parfois les clients à choisir le meilleur foin selon leurs besoins, et je peux donner des trucs sur la régie d’écurie comme le type de litière, les filets à foin, l’alimentation lors des transports, vérifier les coûts d’alimentation, etc. Est-ce que vous êtes en compétition avec les vétérinaires et autres spécialistes ? Non, bien au contraire ! Nous avons chacun notre spécialité, et notre point de vue sur un problème. Le vétérinaire verra les enjeux de santé, le maréchal- ferrant les problèmes de pieds et l’agronome, le côté alimentaire et la régie. Lorsque tous les spécialistes travaillent ensemble, on peut arriver à de bien meilleurs résultats pour la santé générale de l’animal. Est-ce que vous allez voir seulement des chevaux qui ont des problèmes ? Idéalement non ! Je préfère y aller avant que les problèmes n’apparaissent… Le gros de mon travail est de faire de la prévention. On veut éviter autant que possible, les coliques, la fourbure, les crises de tying-up, les carences alimentaires et autres. Je travaille avec mes clients pour que le vétérinaire passe chez eux seulement pour la médecine préventive. Est-ce que vous pouvez aider à remettre sur pied un cheval négligé ou maltraité ? Oui, il m’est arrivé à quelques reprises de remettre en bon état un cheval saisi par le MAPAQ ou lorsque quelqu’un achète un cheval mal en point. Malgré le fait que ce genre de situation soit toujours triste, avec un bon programme alimentaire progressif, du temps et des efforts des propriétaires, c’est incroyable ce que l’on peut faire. J’ai en tête l’exemple du petit Viking, un poulain très mal en point qui maintenant va très bien. Vous pouvez aller voir sa transformation sur Facebook, il a sa propre page. Parfois, il s’agit aussi de vieux chevaux qui n’ont pas été négligés, mais qui ont perdu beaucoup de poids et de masse musculaire à cause de la qualité des dents par exemple. C’est surprenant ce que l’on peut arriver à faire lorsque les propriétaires écoutent les recommandations et investissent le temps et l’argent nécessaires. Lors d’une rémission post-chirurgicale ou autre, est-ce que vous pouvez faire quelque chose ? En travaillant conjointement avec le vétérinaire ou la Faculté de médecine vétérinaire, je peux monter un programme alimentaire adapté, que ce soit lors d’une rémission de colique, d’un problème respiratoire ou autre. Le but est oui, de l’aider à se remettre en forme, mais aussi de prévenir d’autres épisodes. La prévention coûte toujours moins cher, et c’est moins stressant ! Il s’agit aussi parfois d’un cheval qui a dû cesser de travailler pour une période prolongée et qui a perdu de la masse musculaire ; une alimentation complète comprenant une source de protéine de qualité combinée à un programme de retour au travail progressif peut aider grandement. Combien coûte une visite ? Le service est offert sans frais par la compagnie pour laquelle je travaille afin d’offrir du support aux clients et aux propriétaires de chevaux qui aimeraient essayer nos produits. Car même si on fabrique la meilleure moulée du monde, si elle n’est pas servie correctement, ou au bon cheval, les résultats ne seront pas là. C’est pour ça que nous avons des gens qualifiés sur la route ! |