PAR DANIELLE BOILY
ARTICLE PARU DANS
CHEVAL QUÉBEC MAGAZINE - HIVER 2018-19 - VOL.36 NO.4 |
Dans les années ’80, c’est le développement du programme d’excellence Performance-Québec qui le passionne : un programme de reconnaissance favorisant l’élevage de chevaux ayant des aptitudes particulières pour le reining, en collaboration avec l’AQR. Ce programme est maintenant bien implanté. Gaëtan se consacre également à l’organisation de concours internationaux d’importance pour cette discipline montante au Québec, tels que le Drummond International Reining à Drummondville. Ces événements ont contribué à faire connaître le Québec jusqu’aux États-Unis, en attirant la participation de cavaliers américains. Il devient organisateur de concours à temps plein à la fin des années ’90, pour quelques années. C’est également à partir de 1981, jusqu’en 2004, qu’il représente le secteur western au conseil d’administration de la Fédération équestre du Québec. Mme Célina Lebel, secrétaire du comité sectoriel western à cette époque, se souvient d’un administrateur ayant les deux pieds sur terre, qui se préoccupe d’aller de l’avant, mais surtout, qui insiste sur le COMMENT va-t-on procéder, « car les changements, ça doit se gérer. C’est un homme de rigueur et de précision, conclut-elle. » Son opinion s’appuie aussi sur les quelques années consacrées à développer le système informatique Thoroughbred, la première banque de données de la FEQ pour la gestion des membres et des programmes de cavaliers, le suivi du statut des officiels et des entraîneurs, ainsi que le calcul des points pour les méritas de fin d’année. Ce système d’exploitation DOS a été mis à jour depuis sur Windows, mais c’est la même structure de base qui est restée. Le principal intéressé confirme que son expérience de terrain, tant dans l’organisation de concours que comme officiel, lui ont été de précieux atouts en plus de son métier « premier » d’analyste informatique. « Les questions que j’aurais posées au client, j’y répondais moi-même » se rappelle-t-il. « Je savais où je m’en allais avec ça ! » Il a également aimé contribuer au développement des programmes de formation et des juges et des maîtres de piste, en plus de la révision annuelle du livre de règlements western. Comment en vient-on à s’impliquer si activement dans un sport, de façon professionnelle et bénévole selon le rôle, sans vraiment le pratiquer soi-même ou avoir un athlète dans sa famille ? Par pur hasard, semble-t-il. C’est en visitant un voisin à St-Germain-de-Grantham, à l’époque commerçant de chevaux, que Gaëtan achète une pouliche Quarter Horse de six mois qu’il présentera aux Futurités de 1972 et vendra peu après. Il acquiert aussi du même voisin, un poulain sans papier qu’il revendra débourré. De nature inquisitive, il apprend le rôle de maître de piste après avoir vu un concours, peut-être ? Il s’intéresse au gymkhana avec « les gars de l’écurie ». De son propre aveu, il est un cavalier plutôt ordinaire, n’investissant pas le temps et les moyens minimums. Par contre, ses copains qui connaissent ses talents d’organisateur le recrutent comme juge de gymkhana. Et c’est parti… « J’aime être impliqué dans les concours, mais pas comme cavalier, encore moins comme spectateur, je ne veux pas être là juste pour placoter. Il faut que je sois dans l’action. » Il suit les formations et travaille même un an dans un élevage de Quarter Horses en Ontario. Éventuellement, il acquiert au Nebraska une autre jument et un étalon Paint de deux ans, un bon potentiel pour vendre des saillies. Ces jeunes chevaux deviennent la base de sa passion pour l’élevage. On comprend bien qu’une fois pris dans l’engrenage du sport équestre, on continue d’y évoluer et qu’on ne puisse plus en sortir. Qu’une fois en contact avec de jeunes chevaux, on s’intéresse à la génétique et à l’élevage. Que la simple curiosité amène à visiter les voisins qui ont des chevaux, bien sûr, mais de là à en ressortir avec deux jeunes chevaux ? Gaëtan maintient que c’est bien ainsi que son histoire a commencé, et il s’en tient à cette version. Les maquignons semblaient bien convaincants à une certaine époque, puisque c’est un peu comme ça qu’a débuté l’histoire de François Pépin, notre bâtisseur du dernier numéro. Juste au cas, si vous visitez un marchand de chevaux, laissez votre carnet de chèques à la maison. Maintenant retiré, Gaëtan constate que l’industrie a beaucoup changé. Sans nostalgie, tout est simplement différent. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins de petits éleveurs ; la valeur des sujets et des semences a beaucoup augmenté. On utilise beaucoup plus le transfert d’embryons depuis les années 1990 et les poulains peuvent se vendre moins cher. Le marché américain est plus facile à percer, surtout avec un étalon qui performe. Dans l’ensemble, l’industrie semble donc en santé, mais beaucoup de choses ont changé, en particulier le côté financier. « Dans mon temps », les concours westerns, c’était une grosse gang sur le party, c’était très convivial. Il y avait aussi plus de fraternisation entre les associations. Maintenant, c’est plus professionnel, les gens se saluent et applaudissent poliment, mais les groupes sont fragmentés. C’est plus sérieux, on dirait qu’il n’y a que les débutants qui s’amusent. C’est très coûteux et donc plus élitiste de faire de la performance, mais au moins la pratique semble assez stable. Les courses de barils étaient plus populaires, on pouvait avoir de 300 à 400 chevaux pour une fin de semaine. Les spectateurs aussi étaient beaucoup plus nombreux. On dirait que maintenant, il y a trop de choses à faire ; les gens ne peuvent plus se consacrer à un sport si demandant. Il faudrait favoriser la participation, au moins autant que le calibre, et encourager les gens à apprendre sur le tas. Interrogé sur ses projets, Gaétan répond : « Eh bien ! Je m’en vais sur 77 ans, je crois bien que je vais rester tranquille un peu. » Alors pour ceux qui l’ignoraient, être un peu tranquille c’est être organisateur/secrétaire de trois concours en Ontario et d’un en NouvelleÉcosse pendant l’été (donc un par mois…). Des petits concours quand même ! « Parce que c’est bien plaisant, ce sont de vieux amis. » Le reste du temps, on navigue sur internet pour voir toutes les compétitions d’importance de sa discipline préférée… même pendant qu’on accorde une entrevue ! Vous aimeriez que la Chronique « Les bâtisseurs » traite de quelqu’un en particulier ? Faites parvenir vos suggestions à info@chevalquebecmag.com. RÉFÉRENCES :
Reining Canada : Gaétan Laroche — Reiner of the year — 2014 www.reiningcanada.com/2014-reinerof-the-year Association québécoise de reining www.reining.qc.ca Une saison de festivités pour les 40 ans de l’Association québécoise de reining, article de Serge Gaudry paru dans Cheval Magazine été 2016 – vol.34 no.2 www.chevalquebecmag.com/40-ansde-laqr.html |