Huiles et sources d'acides gras :
Pour qui, pourquoi...
PAR JOSÉE LALONDE, AGR, MA
EN COLLABORATION AVEC BLUE SEAL FEEDS
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En alimentation humaine, les matières grasses n’ont pas bonne réputation. Gras saturés et mauvais cholestérol nuisent à la santé et une alimentation faible en gras est recommandée. En nutrition équine, les matières grasses ont la cote et, dans l’espoir d’optimiser la condition, la performance et la santé, bon nombre de propriétaires servent à leur monture des aliments riches en gras. Nos deux mondes sont-ils à ce point différents ?
D’un point de vue alimentaire, oui ! Notre diète, constituée d’aliments riches en matières grasses de toutes sortes, couvre largement nos besoins à ce chapitre. Ce n’est pas le cas du régime alimentaire du cheval, basé principalement sur les fourrages et les grains, des aliments dont le taux de matières grasses se situe en général en deçà de 3,5 %. L’alimentation naturelle du cheval n’entraîne pas d’excès de matières grasses et un apport supplémentaire peut lui être bénéfique, d’autant que les graisses sont nécessaires au transport des vitamines liposolubles A, D, E et K. Privilégier les matières grasses dans la ration de votre cheval est conseillé dans plusieurs contextes : prise de poids, ulcères gastriques, rhabdomyolyse (tying-up), excitabilité, lactation, problèmes métaboliques, etc. LES MATIÈRES GRASSES, EN BREF Les graisses font partie d’un ensemble de molécules appelées lipides. Aussi connues sous le nom de triglycérides, les matières grasses alimentaires sont composées d’une molécule de glycérol et de chaînes plus ou moins longues d’acides gras (4 à 28 atomes de carbone, rarement plus). La nomenclature des différents acides gras dépend de la taille et de la longueur de leur chaîne carbonée, du degré de saturation ou d’insaturation de celle-ci ainsi que du nombre et de la position des liaisons doubles sur cette même chaîne. C’est cette nomenclature qui permet par exemple de distinguer l’acide gras linoléique (oméga-6) de l’acide gras alpha linolénique (oméga-3), deux acides gras dits essentiels. Les acides gras essentiels, dont il est question plus loin dans cet article, doivent être fournis par l’alimentation puisque le cheval ne peut les synthétiser lui-même. Source d’énergie inégalée, le gras en fournit au moins 2,25 fois plus que les hydrates de carbone. Les rôles principaux du gras : augmenter la densité énergétique de la ration bien sûr, mais aussi participer à la production de molécules bioactives importantes pour la santé. Avantage non négligeable, un cheval utiliserait entre 85 à 90 % de l’énergie totale fournie par les matières grasses de sa ration. Cela dit, il n’est pas recommandé de fournir plus de 20 % de matières grasses dans la ration totale du cheval. SOURCES DE MATIÈRES GRASSES ET ACIDES GRAS OMÉGA Le cheval étant un herbivore, les matières grasses additionnelles servies sont le plus souvent de nature végétale, sous forme d’huile. Les moulées riches en gras végétal sont une autre option. Les fourrages fournissent peu de gras au cheval, mais dû au volume consommé quotidiennement par l’animal, leur apport est somme toute considérable. À propos des huiles végétales, peu importe le type utilisé, elles fournissent toutes la même quantité d’énergie, soit environ 9 Mcal/kg. Si votre seul objectif est d’augmenter la cote de chair de votre cheval, vous avez l’embarras du choix quant au type d’huile à lui servir (en fonction de la ration alimentaire globale du cheval, certaines pourraient être un peu plus appropriées que d’autres). Cependant, si votre objectif est d’améliorer certains aspects de la santé de votre compagnon, que ce soit de manière curative ou préventive, les options quant à la source de matières grasses servie s’amenuisent ; une huile ou un supplément riche en acides gras oméga essentiels est nécessaire. Le but ultime : maintenir un rapport oméga-6 : oméga-3 favorable. L’alimentation naturelle du cheval étant particulièrement riche en oméga-6, l’ajout d’oméga-3 doit être privilégié. Un aliment ou ingrédient reconnu pour sa teneur élevée en oméga-3 est en fait un aliment riche en acide alpha linolénique (ALA) ou ses dérivés : l’acide eicosapentaénoïque (AEP) et l’acide docosahexaénoïque (ADH), des acides gras essentiels cruciaux, car biologiquement plus actifs. Seules les sources marines d’acides gras oméga-3 (huiles de poisson, microalgues) fournissent directement au cheval les précieux oméga-3 AEP et ADH, ce qui les rend forcément plus efficaces. Les sources végétales d’oméga-3 sont riches en ALA, mais pour en tirer profit, le cheval doit convertir l’ALA en ses dérivés AEP et ADH, une étape supplémentaire relativement coûteuse pour lui, sa capacité à effectuer cette conversion étant possiblement limitée. Les avantages de leur ajout à la ration demeurent, mais sont moindres. Avec raison, les chercheurs continuent de s’intéresser de près aux effets de l’ALA et de ses dérivés AEP et ADH sur la santé du cheval. Les bienfaits observés sont nombreux, entre autres l’amélioration des paramètres liés à l’exercice (réduction de l’inflammation articulaire), l’amélioration de la réponse immunitaire, la diminution du rythme cardiaque, l’augmentation de la production de sperme chez l’étalon et l’augmentation de la réponse de l’organisme à l’hormone insuline à la suite d’un repas. EN CONCLUSION Avant d’ajouter des matières grasses à la ration de votre cheval, il faut d’abord considérer l’objectif recherché. Simple ajout de calories, amélioration de l’aspect de la robe, prévention des ulcères, problèmes inflammatoires (emphysème, arthrose, allergies), optimisation de la performance ? Aussi, chaque cheval a ses petites manies : certains n’aiment pas les huiles, d’autres sont particulièrement sensibles à l’odeur d’un produit, aussi efficace soit-il. Le budget fait bien sûr partie de l’équation. En nutrition, cibler le produit le mieux adapté aux besoins de son cheval demande toujours réflexion. |
SOURCES DE GRAS UTILISÉES EN NUTRITION ÉQUINE Huiles végétales : 99,9 % de gras. En général appréciées des chevaux. Les huiles végétales riches en oméga-3 fournissent uniquement l’ALA ; le cheval doit donc les convertir en AEP et en ADH.
d’eau froide (saumon, hareng, morue, menhaden). Riches en oméga-3 ; aucune conversion n’est nécessaire puisqu’elles fournissent directement au cheval l’AEP et l’ADH. Leur odeur et leur goût sont toutefois peu appréciés des chevaux. Algues : la teneur en gras des suppléments à base d’algues dépend de chaque fabricant. Souvent utilisées dans les suppléments d’acides gras oméga-3, auxquels des huiles végétales sont ajoutées; les microalgues fournissent directement au cheval l’AEP et l’ADH. Dilués le plus souvent avec d’autres sources d’oméga-3, les suppléments à base d’algues sont plus appréciés des chevaux que les huiles de poisson. Moulées complètes riches en gras : minimum 8 % jusqu’à 12 %. La source de matières grasses ajoutée aux moulées complètes est le plus souvent l’huile de soya. L’avantage de servir une moulée commerciale est qu’elle ne fournit pas que des calories au cheval, mais aussi des protéines, vitamines et minéraux. Certaines contiennent des sources d’oméga-3 ajoutées. Graines de lin : 40 % de gras en moyenne. Riches en oméga-3 ; dû à leur écaille particulièrement rigide, elles doivent être moulues avant d’être servies. Son de riz : 21 % de gras en moyenne. Dû à son potentiel élevé de rancissement, il doit être stabilisé avant d’être servi ; son rapport calcium : phosphore est inversé. Grains de soya : 20 % de gras en moyenne. Le soya est une bonne source de protéines et d’acides aminés ; les grains de soya doivent être traités à la chaleur avant d’être servis. |