NUTRITION
La gestion nutritionnelle en période de sevrage
1re partie - La préparation du sevrage
JOSÉE LALONDE, AGR, M.A.
Le moment du sevrage représente une étape importante dans la vie de la jument, et encore plus dans celle du poulain, autant sur le plan physique que psychologique et comportemental. Lors de cette étape décisive, l’alimentation du petit revêt une valeur capitale puisqu’elle a une influence marquée sur son potentiel de croissance immédiat et sur sa carrière future. La séparation maternelle engendre un grand stress chez le poulain et dans une moindre mesure, chez la jument. Aussi, pour les éleveurs, cette étape charnière est bien souvent source d’appréhension. Comprendre les besoins
alimentaires du poulain et de sa mère durant ce stade demeure la meilleure façon de bien gérer cet inévitable moment. En première partie de ce dossier en deux volets : la préparation du sevrage.
La préparation du sevrage : Une étape cruciale
L’âge traditionnel du sevrage varie entre 5 et 6 mois, ce qui ne signifie pas pour autant que la séparation de la mère et de son poulain ne puisse se faire plus tard si le contexte le permet ; après tout, respecter le rythme naturel des équidés ne peut qu’être positif dans la majorité des cas. Procéder au sevrage avant l’âge de 5 mois n’est pas recommandé, sauf exception. En général, la jument vit plus facilement cette étape, prête à laisser partir enfin son énergique et gourmand rejeton ! Pour le petit, le sevrage s’avère plus délicat, car une perte de condition et l’apparition de problèmes comportementaux peuvent s’ensuivre. Le stress et la réduction de la consommation volontaire induits par la séparation peuvent également causer
des ulcères, l’estomac du poulain ne bénéficiant d’aucune protection contre l’acide gastrique produit en continu. Un plan alimentaire mûrement réfléchi et mis en place dès l’âge de 6 à 8 semaines aidera à prévenir l’impact négatif potentiel du sevrage sur la croissance et le bien-être du poulain.
On ne décide pas du jour au lendemain de sevrer le poulain. La transition d’un régime à base de lait vers une alimentation herbivore doit se faire de manière progressive. Une date doit être choisie à l’avance, ce qui permettra une mise en place efficace des différentes étapes menant à une séparation sécuritaire et réussie.
Dès les premières semaines de vie, le petit imite sa mère et plonge régulièrement son nez dans la mangeoire maternelle pour y grappiller moulée et supplément. Tant mieux ! Il habitue ainsi progressivement ses papilles et son système digestif au type d’alimentation solide qu’il recevra une fois sevré.
Avant le sevrage…
Vers l’âge de 8 semaines, alors que la production et la valeur nutritive du lait diminuent, il devient essentiel de compléter l’alimentation du jeune par l’ajout d’un supplément spécialisé qui permet de combler ses besoins nutritionnels élevés en protéines et acides aminés essentiels, ainsi qu’en certains minéraux et vitamines nécessaires à une saine croissance. Jusqu’au sevrage, la quantité de supplément servi par jour devra être ajustée, les besoins du poulain étant en constante évolution. Pour habituer le petit à manger en solo, ce qui diminuera son stress une fois séparé de sa mère, il est important de lui servir son repas dans une mangeoire ajustable conçue spécifiquement pour les poulains ; ce type d’auge évite aussi que la jument
ne vienne piger dans ses repas ! Au fil des mois, même si le poulain est toujours sous la mère, une moulée conçue spécifiquement pour les besoins de la croissance pourrait lui être nécessaire si sa condition de chair est déficiente. C’est parfois le cas en présence d’une jument qui ne produit pas suffisamment de lait ou encore lorsque le poulain est doté d’un métabolisme particulièrement élevé ; le plus souvent, la moulée qui lui sera servie est celle consommée par la maman, pourvu que l’aliment soit bel et bien destiné à la lactation.
Somme toute, l’ajout d’une moulée complète à la ration de supplément des poulains au pis est rarement nécessaire puisque l’apport énergétique fourni par le lait maternel est habituellement suffisant pour le maintien d’une cote de chair adéquate. Dans ce cas, il est quand même recommandé d’ajouter graduellement une petite quantité de moulée quelques semaines avant la date de sevrage prévu ; le poulain y sera donc habitué au jour J, lorsque cet aliment sera fort probablement nécessaire, et ce en quantité quotidienne plus importante. L’objectif reste le même : éliminer toute source de stress évitable au poulain.
Une fois sevré…
Le programme alimentaire du jeune qui vient d’être sevré doit tenir compte de sa condition corporelle et du rythme de croissance recherché par l’éleveur (modéré ou plus rapide). Il est crucial de ne pas sous-estimer l’importante réduction de l’apport énergétique qui survient lorsque le lait maternel n’est plus disponible au poulain. Si cette perte n’est pas compensée par un nouvel apport calorique, provenant d’aliments concentrés, le jeune
va forcément maigrir et il ne pourra s’épanouir et aspirer à son plein potentiel. Bien sûr, le fourrage offert à volonté demeure une source d’énergie et de nutriments essentielle pour le poulain, mais sa valeur nutritive insuffisante, associée aux capacités digestive et d’ingestion limitées du jeune, ne permet pas de combler ses besoins nutritifs élevés. Pour ces raisons, l’ajout d’une moulée de qualité destinée aux besoins du poulain prend toute son importance… Avec le foin et le supplément déjà servi, c’est ce qui permet de lui offrir une ration complète et équilibrée.
Et la maman dans tout ça…
En période de sevrage, le poulain est évidemment au cœur des préoccupations, mais il ne faut pas pour autant négliger la jument. L’étape du sevrage comporte aussi des risques pour elle et son programme alimentaire doit être adapté afin de ralentir la production laitière et tarir le pis. Pour ce faire, il est recommandé d’éliminer la moulée de la ration de la jument au moins 7 jours avant la date de sevrage prévue ; le supplément de vitamines et minéraux peut être servi jusqu’à 3 ou 4 jours présevrage. Si un foin plus mature et moins nutritif est accessible, c’est celui qui doit être privilégié ; l’ajouter graduellement au foin déjà servi au moins une dizaine de jours avant la séparation favorisera une transition douce et sécuritaire. Couper l’eau offerte à la jument la veille ou le jour du sevrage est une pratique dangereuse à proscrire vu les risques de complications associés à la déshydratation
et au stress. Une fois la mère et son poulain séparés, il faut éviter de traire la jument même si le pis est enflé, ce qui aurait pour effet de stimuler la production de lait.
Bien sûr, ces gestes vont entraîner une perte du poids. Même si ce n’est pas idéal, c’est un moindre mal considérant qu’un sevrage mal préparé et subit peut provoquer une douloureuse mammite (infection au niveau des mamelles). Une fois le sevrage complété, et ce pour quelques semaines, il est essentiel de surveiller l’état du pis pendant quelques semaines et de réagir rapidement si des signes de complications surviennent. Lorsque le pis sera complètement tari, il se sera bien temps de mettre en place un programme alimentaire équilibré et sécuritaire, basé sur l’ajout d’un foin de qualité et de
concentrés à la fois riches en calories, mais réduits en hydrates de carbone non structuraux.
Si la jument maintient un bel état de chair en période de sevrage et de tarissement, l’ajout de concentrés n’est pas nécessaire. Envoyer graduellement la jument au pré ou lui servir un foin de qualité, le tout accompagné d’un supplément de vitamines et minéraux complet, comblera tous ses besoins nutritionnels et maximisera ses capacités reproductrices pour l’avenir.
Autant pour maman que pour bébé, vous voilà bien informé quant aux actions à poser pour minimiser le stress et maximiser les chances d’un sevrage réussi. Dans la prochaine édition du magazine, voyez la suite de ce dossier sur le sevrage et apprenez-en plus sur la règle d’or à respecter lorsque vient le temps de nourrir le jeune poulain sevré.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com
alimentaires du poulain et de sa mère durant ce stade demeure la meilleure façon de bien gérer cet inévitable moment. En première partie de ce dossier en deux volets : la préparation du sevrage.
La préparation du sevrage : Une étape cruciale
L’âge traditionnel du sevrage varie entre 5 et 6 mois, ce qui ne signifie pas pour autant que la séparation de la mère et de son poulain ne puisse se faire plus tard si le contexte le permet ; après tout, respecter le rythme naturel des équidés ne peut qu’être positif dans la majorité des cas. Procéder au sevrage avant l’âge de 5 mois n’est pas recommandé, sauf exception. En général, la jument vit plus facilement cette étape, prête à laisser partir enfin son énergique et gourmand rejeton ! Pour le petit, le sevrage s’avère plus délicat, car une perte de condition et l’apparition de problèmes comportementaux peuvent s’ensuivre. Le stress et la réduction de la consommation volontaire induits par la séparation peuvent également causer
des ulcères, l’estomac du poulain ne bénéficiant d’aucune protection contre l’acide gastrique produit en continu. Un plan alimentaire mûrement réfléchi et mis en place dès l’âge de 6 à 8 semaines aidera à prévenir l’impact négatif potentiel du sevrage sur la croissance et le bien-être du poulain.
On ne décide pas du jour au lendemain de sevrer le poulain. La transition d’un régime à base de lait vers une alimentation herbivore doit se faire de manière progressive. Une date doit être choisie à l’avance, ce qui permettra une mise en place efficace des différentes étapes menant à une séparation sécuritaire et réussie.
Dès les premières semaines de vie, le petit imite sa mère et plonge régulièrement son nez dans la mangeoire maternelle pour y grappiller moulée et supplément. Tant mieux ! Il habitue ainsi progressivement ses papilles et son système digestif au type d’alimentation solide qu’il recevra une fois sevré.
Avant le sevrage…
Vers l’âge de 8 semaines, alors que la production et la valeur nutritive du lait diminuent, il devient essentiel de compléter l’alimentation du jeune par l’ajout d’un supplément spécialisé qui permet de combler ses besoins nutritionnels élevés en protéines et acides aminés essentiels, ainsi qu’en certains minéraux et vitamines nécessaires à une saine croissance. Jusqu’au sevrage, la quantité de supplément servi par jour devra être ajustée, les besoins du poulain étant en constante évolution. Pour habituer le petit à manger en solo, ce qui diminuera son stress une fois séparé de sa mère, il est important de lui servir son repas dans une mangeoire ajustable conçue spécifiquement pour les poulains ; ce type d’auge évite aussi que la jument
ne vienne piger dans ses repas ! Au fil des mois, même si le poulain est toujours sous la mère, une moulée conçue spécifiquement pour les besoins de la croissance pourrait lui être nécessaire si sa condition de chair est déficiente. C’est parfois le cas en présence d’une jument qui ne produit pas suffisamment de lait ou encore lorsque le poulain est doté d’un métabolisme particulièrement élevé ; le plus souvent, la moulée qui lui sera servie est celle consommée par la maman, pourvu que l’aliment soit bel et bien destiné à la lactation.
Somme toute, l’ajout d’une moulée complète à la ration de supplément des poulains au pis est rarement nécessaire puisque l’apport énergétique fourni par le lait maternel est habituellement suffisant pour le maintien d’une cote de chair adéquate. Dans ce cas, il est quand même recommandé d’ajouter graduellement une petite quantité de moulée quelques semaines avant la date de sevrage prévu ; le poulain y sera donc habitué au jour J, lorsque cet aliment sera fort probablement nécessaire, et ce en quantité quotidienne plus importante. L’objectif reste le même : éliminer toute source de stress évitable au poulain.
Une fois sevré…
Le programme alimentaire du jeune qui vient d’être sevré doit tenir compte de sa condition corporelle et du rythme de croissance recherché par l’éleveur (modéré ou plus rapide). Il est crucial de ne pas sous-estimer l’importante réduction de l’apport énergétique qui survient lorsque le lait maternel n’est plus disponible au poulain. Si cette perte n’est pas compensée par un nouvel apport calorique, provenant d’aliments concentrés, le jeune
va forcément maigrir et il ne pourra s’épanouir et aspirer à son plein potentiel. Bien sûr, le fourrage offert à volonté demeure une source d’énergie et de nutriments essentielle pour le poulain, mais sa valeur nutritive insuffisante, associée aux capacités digestive et d’ingestion limitées du jeune, ne permet pas de combler ses besoins nutritifs élevés. Pour ces raisons, l’ajout d’une moulée de qualité destinée aux besoins du poulain prend toute son importance… Avec le foin et le supplément déjà servi, c’est ce qui permet de lui offrir une ration complète et équilibrée.
Et la maman dans tout ça…
En période de sevrage, le poulain est évidemment au cœur des préoccupations, mais il ne faut pas pour autant négliger la jument. L’étape du sevrage comporte aussi des risques pour elle et son programme alimentaire doit être adapté afin de ralentir la production laitière et tarir le pis. Pour ce faire, il est recommandé d’éliminer la moulée de la ration de la jument au moins 7 jours avant la date de sevrage prévue ; le supplément de vitamines et minéraux peut être servi jusqu’à 3 ou 4 jours présevrage. Si un foin plus mature et moins nutritif est accessible, c’est celui qui doit être privilégié ; l’ajouter graduellement au foin déjà servi au moins une dizaine de jours avant la séparation favorisera une transition douce et sécuritaire. Couper l’eau offerte à la jument la veille ou le jour du sevrage est une pratique dangereuse à proscrire vu les risques de complications associés à la déshydratation
et au stress. Une fois la mère et son poulain séparés, il faut éviter de traire la jument même si le pis est enflé, ce qui aurait pour effet de stimuler la production de lait.
Bien sûr, ces gestes vont entraîner une perte du poids. Même si ce n’est pas idéal, c’est un moindre mal considérant qu’un sevrage mal préparé et subit peut provoquer une douloureuse mammite (infection au niveau des mamelles). Une fois le sevrage complété, et ce pour quelques semaines, il est essentiel de surveiller l’état du pis pendant quelques semaines et de réagir rapidement si des signes de complications surviennent. Lorsque le pis sera complètement tari, il se sera bien temps de mettre en place un programme alimentaire équilibré et sécuritaire, basé sur l’ajout d’un foin de qualité et de
concentrés à la fois riches en calories, mais réduits en hydrates de carbone non structuraux.
Si la jument maintient un bel état de chair en période de sevrage et de tarissement, l’ajout de concentrés n’est pas nécessaire. Envoyer graduellement la jument au pré ou lui servir un foin de qualité, le tout accompagné d’un supplément de vitamines et minéraux complet, comblera tous ses besoins nutritionnels et maximisera ses capacités reproductrices pour l’avenir.
Autant pour maman que pour bébé, vous voilà bien informé quant aux actions à poser pour minimiser le stress et maximiser les chances d’un sevrage réussi. Dans la prochaine édition du magazine, voyez la suite de ce dossier sur le sevrage et apprenez-en plus sur la règle d’or à respecter lorsque vient le temps de nourrir le jeune poulain sevré.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com