NUTRITION
Le « sucre », ce mal-aimé !
RACHÈLE TREMBLAY, agr, M. Sc. et JOSÉE LALONDE, agr, M.A.
« Mon supplément est ce qu’il y a de mieux, car il ne contient aucun sucre. »
« L’alimentation de mon cheval contient zéro sucre. »
L’atteinte du « zéro sucre » représente le Saint Graal pour plusieurs… Pourtant, sans les glucides, le cheval ne peut fonctionner. Ceux-ci sont-ils vraiment si néfastes pour votre cheval ?
Pour répondre à cette question, un rappel des besoins nutritionnels de base du cheval s’impose. Pour profiter d’un système digestif sain et d’une motilité intestinale suffisante, le cheval a besoin d’une alimentation principalement fourragère. Lui offrir un foin de qualité en quantité suffisante permet de combler la majeure partie de ses besoins.
LES « SUCRES » DU FOIN
Le foin fournit au cheval des protéines (et acides aminés), des hydrates de carbone structuraux (HCS) et non structuraux (HCNS), du gras, des minéraux et des vitamines, bien que la présence de ces dernières s’amenuise très rapidement après la mise en balle et l’entreposage. Les HCS sont composés des éléments structuraux de la plante, soit la partie fibreuse des fourrages. Celle-ci est fermentée dans le gros intestin du cheval afin de produire de l’énergie sous forme d’acides gras volatils. Les HCNS, riches en énergie, sont composés d’amidon, de sucres simples et de fructanes. Les sucres et l’amidon sont dégradés par les enzymes du petit intestin du cheval, alors que les fructanes nécessitent les bactéries du gros intestin pour être digérés.
Il est important de rappeler que les HCNS font partie intégrante de l’alimentation du cheval et qu’ils sont essentiels pour combler ses besoins énergétiques. Lorsque le cheval consomme des HCNS, il a la possibilité d’emmagasiner cette énergie sous forme de gras dans ses adipocytes (cellules graisseuses) ou sous forme de glycogène dans son foie et ses muscles. Le glycogène est rapidement disponible comme source d’énergie tandis que le gras constitue une réserve d’énergie utilisable sur une plus longue période. Le type d’effort fourni par le cheval (aérobique ou anaérobique) détermine la source d’énergie dont il a besoin.
DOIT-ON S’INQUIÉTER DE L’APPORT EN HCNS DE LA RATION ?
Oui, si le cheval présente une des conditions suivantes : syndrome métabolique, maladie de Cushing, historique de fourbure, tying-up. Le cheval qui présente des signes d’obésité est plus à risque de développer un syndrome métabolique équin (SME), ce qui le prédispose à la fourbure. Il en va de même pour le cheval atteint de la maladie de Cushing.
Les chevaux présentant un SME ou de l’embonpoint sont particulièrement sensibles à la fraction ESC des glucides puisque ces derniers influencent grandement la sécrétion d’insuline et la glycémie. Les chevaux avec un historique de fourbure sont plus sensibles aux fructanes de la fraction WSC des glucides.
Pour le cheval diagnostiqué SME, une restriction alimentaire sécuritaire combinée à une augmentation de l’activité physique doit être envisagée afin qu’il perde du poids. Les pâturages sont à éviter. Pour celui atteint de la maladie de Cushing et dont la condition de chair est déficiente, l’apport calorique supplémentaire nécessaire doit venir d’aliments réduits en HCNS, incluant la moulée qui doit être à base de fibre et de gras. Pour les chevaux qui « tye-up », la quantité d’HCNS de la ration alimentaire doit également être limitée et un apport supplémentaire quotidien en vitamine E et en sélénium, de puissants antioxydants, est recommandé.
Le programme alimentaire des chevaux à sang chaud qui réagissent facilement à la réponse insulinique des aliments doit contenir un niveau d’HCNS bas, particulièrement la fraction ESC. Diviser la ration quotidienne de concentrés en plusieurs petites portions permet aussi une meilleure gestion de l’excitabilité puisque les réponses glycémique et insulinique sont moindres. Cela dit, en présence d’un cheval excitable, nerveux ou réactif, il est tentant d’attribuer ces réactions à la moulée servie, mais il faut se garder de sauter trop rapidement à cette conclusion. Plusieurs autres facteurs peuvent en effet influencer le tempérament du cheval ; un apport minéral ou vitaminique inadéquat, une carence en acides aminés essentiels, un excès de protéine, une déshydratation marquée ou une douleur inexpliquée peuvent facilement mener à un changement de comportement. Si votre cheval est anxieux ou excitable, une évaluation globale de son programme alimentaire et de son état de santé par des professionnels est fortement recommandée.
En terminant, rappelons que les chevaux n’ont pas tous la même tolérance face aux sucres et à l’amidon ; celle-ci dépend de leur facilité à les digérer, de leur capacité à gérer les cycles de glucose et de réponse d’insuline qui s’ensuivent et bien sûr de leur état de santé. En d’autres mots, ce qui fonctionne pour le voisin de box de votre cheval ne fonctionne pas nécessairement pour le vôtre ! Il est important de trouver un juste équilibre, celui qui convient à votre compagnon. Un agronome qualifié pourra vous aider à peaufiner le programme alimentaire de votre cheval en tenant compte de son état de santé, de sa condition de chair, de son tempérament et de la discipline qu’il pratique.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com
« L’alimentation de mon cheval contient zéro sucre. »
L’atteinte du « zéro sucre » représente le Saint Graal pour plusieurs… Pourtant, sans les glucides, le cheval ne peut fonctionner. Ceux-ci sont-ils vraiment si néfastes pour votre cheval ?
Pour répondre à cette question, un rappel des besoins nutritionnels de base du cheval s’impose. Pour profiter d’un système digestif sain et d’une motilité intestinale suffisante, le cheval a besoin d’une alimentation principalement fourragère. Lui offrir un foin de qualité en quantité suffisante permet de combler la majeure partie de ses besoins.
LES « SUCRES » DU FOIN
Le foin fournit au cheval des protéines (et acides aminés), des hydrates de carbone structuraux (HCS) et non structuraux (HCNS), du gras, des minéraux et des vitamines, bien que la présence de ces dernières s’amenuise très rapidement après la mise en balle et l’entreposage. Les HCS sont composés des éléments structuraux de la plante, soit la partie fibreuse des fourrages. Celle-ci est fermentée dans le gros intestin du cheval afin de produire de l’énergie sous forme d’acides gras volatils. Les HCNS, riches en énergie, sont composés d’amidon, de sucres simples et de fructanes. Les sucres et l’amidon sont dégradés par les enzymes du petit intestin du cheval, alors que les fructanes nécessitent les bactéries du gros intestin pour être digérés.
- Hydrates de carbone structuraux : inclut la pectine, l’hémicellulose et la cellulose.
- Hydrates de carbone non structuraux : inclut les sucres simples, l’amidon et les fructanes. Selon le NRC 2007, les HCNS d’un aliment réfèrent à la somme de l’amidon et des sucres solubles à l’eau (WSC en anglais).
- Les sucres solubles à l’eau : inclut les mono-oligosaccharides, les disaccharides, les oligosaccharides et les fructanes. Les sucres solubles à l’éthanol (ESC en anglais) est une sous-catégorie des sucres solubles à l’eau et ne contient que les sucres simples. Pour obtenir le % de fructanes d’un aliment, il faut donc de soustraire les sucres solubles à l’éthanol des sucres solubles à l’eau.
Il est important de rappeler que les HCNS font partie intégrante de l’alimentation du cheval et qu’ils sont essentiels pour combler ses besoins énergétiques. Lorsque le cheval consomme des HCNS, il a la possibilité d’emmagasiner cette énergie sous forme de gras dans ses adipocytes (cellules graisseuses) ou sous forme de glycogène dans son foie et ses muscles. Le glycogène est rapidement disponible comme source d’énergie tandis que le gras constitue une réserve d’énergie utilisable sur une plus longue période. Le type d’effort fourni par le cheval (aérobique ou anaérobique) détermine la source d’énergie dont il a besoin.
DOIT-ON S’INQUIÉTER DE L’APPORT EN HCNS DE LA RATION ?
Oui, si le cheval présente une des conditions suivantes : syndrome métabolique, maladie de Cushing, historique de fourbure, tying-up. Le cheval qui présente des signes d’obésité est plus à risque de développer un syndrome métabolique équin (SME), ce qui le prédispose à la fourbure. Il en va de même pour le cheval atteint de la maladie de Cushing.
Les chevaux présentant un SME ou de l’embonpoint sont particulièrement sensibles à la fraction ESC des glucides puisque ces derniers influencent grandement la sécrétion d’insuline et la glycémie. Les chevaux avec un historique de fourbure sont plus sensibles aux fructanes de la fraction WSC des glucides.
Pour le cheval diagnostiqué SME, une restriction alimentaire sécuritaire combinée à une augmentation de l’activité physique doit être envisagée afin qu’il perde du poids. Les pâturages sont à éviter. Pour celui atteint de la maladie de Cushing et dont la condition de chair est déficiente, l’apport calorique supplémentaire nécessaire doit venir d’aliments réduits en HCNS, incluant la moulée qui doit être à base de fibre et de gras. Pour les chevaux qui « tye-up », la quantité d’HCNS de la ration alimentaire doit également être limitée et un apport supplémentaire quotidien en vitamine E et en sélénium, de puissants antioxydants, est recommandé.
Le programme alimentaire des chevaux à sang chaud qui réagissent facilement à la réponse insulinique des aliments doit contenir un niveau d’HCNS bas, particulièrement la fraction ESC. Diviser la ration quotidienne de concentrés en plusieurs petites portions permet aussi une meilleure gestion de l’excitabilité puisque les réponses glycémique et insulinique sont moindres. Cela dit, en présence d’un cheval excitable, nerveux ou réactif, il est tentant d’attribuer ces réactions à la moulée servie, mais il faut se garder de sauter trop rapidement à cette conclusion. Plusieurs autres facteurs peuvent en effet influencer le tempérament du cheval ; un apport minéral ou vitaminique inadéquat, une carence en acides aminés essentiels, un excès de protéine, une déshydratation marquée ou une douleur inexpliquée peuvent facilement mener à un changement de comportement. Si votre cheval est anxieux ou excitable, une évaluation globale de son programme alimentaire et de son état de santé par des professionnels est fortement recommandée.
En terminant, rappelons que les chevaux n’ont pas tous la même tolérance face aux sucres et à l’amidon ; celle-ci dépend de leur facilité à les digérer, de leur capacité à gérer les cycles de glucose et de réponse d’insuline qui s’ensuivent et bien sûr de leur état de santé. En d’autres mots, ce qui fonctionne pour le voisin de box de votre cheval ne fonctionne pas nécessairement pour le vôtre ! Il est important de trouver un juste équilibre, celui qui convient à votre compagnon. Un agronome qualifié pourra vous aider à peaufiner le programme alimentaire de votre cheval en tenant compte de son état de santé, de sa condition de chair, de son tempérament et de la discipline qu’il pratique.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com