NUTRITION
Les électrolytes, des composés
encore trop souvent négligés...
PAR RACHÈLE TREMBLAY, AGR, M. SC. ET JOSÉE LALONDE, AGR, M.A.
Les besoins du cheval en énergie, en protéine ou en fibre sont des sujets fréquemment abordés, mais qu’en est-il de ses besoins en eau et en électrolytes ? Ceux-ci jouent un rôle très important chez le cheval : ils servent non seulement à favoriser son hydratation, mais aussi à maintenir les fonctions cellulaires essentielles à sa survie.
L’eau est le nutriment le plus important de l’alimentation du cheval et pourtant il reste le plus souvent oublié ! En termes d’importance (et d’oubli !), les électrolytes ne sont pas loin derrière. L’organisme du cheval est composé en majeure partie de fluides faits de molécules d’eau et d’électrolytes, et c’est ce qui les rend essentiels à sa santé. Sans ces fluides, plus aucun système biologique ne fonctionne. Rôle des électrolytes Les électrolytes sont des ions minéraux qui portent une charge positive ou négative lorsqu’ils sont en solution dans l’eau. Les principaux électrolytes nécessaires à la santé des animaux sont le sodium, le chlore, le magnésium, le potassium et le calcium, tous impliqués dans l’hydratation, l’équilibre électrolytique, la contraction musculaire et la conduction de l’influx nerveux. Le sodium et le chlore, qui contribuent majoritairement à réguler le volume sanguin, sont les électrolytes les plus abondamment perdus dans la sueur ; cette substance blanche sur votre cheval à la suite d’une séance d’exercice au cours de laquelle il a beaucoup transpiré représente justement une bonne partie de la quantité de sel perdu. À titre indicatif, soumis à l’exercice modéré, un cheval peut perdre 10 g d’électrolytes par litre de sueur et 5 à 7 litres de sueur par heure d’activité, ce qui se traduit par une perte d’électrolytes de 50 à 70 g par heure ! Si la perte d’électrolytes est trop grande et que le cheval n’arrive pas à refaire ses réserves, les conséquences potentielles sont nombreuses, dont la fatigue, l’intolérance à l’effort, la baisse de performance et, en cas de déshydratation sévère, l’apparition d’épisodes de tying up ou de thumps (contraction anormale du diaphragme sur un ou deux flancs, plus fréquente chez les chevaux d’endurance). Hydratation Impossible de parler d’électrolytes sans parler d’eau et d’hydratation. Les besoins hydriques du cheval sont influencés par la température, l’humidité ambiante, l’effort physique et l’état psychologique, notamment le stress. À titre indicatif, un cheval de 500 kg doit boire un minimum de 30 à 40 litres d’eau par jour pour combler ses besoins de base. Durant une journée chaude, ceux-ci peuvent quasiment doubler pour atteindre plus de 60 litres d’eau. Malheureusement, le libre accès à de l’eau fraîche ne garantit pas la consommation d’une quantité suffisante par le cheval, même celui qui est à l’entretien, causant ainsi un état de déshydratation qui peut entraîner des problèmes de santé et même affecter le tempérament. Il faut donc encourager nos chevaux à boire amplement à l’aide de stratégies ayant démontré leur efficacité, notamment l’apport quotidien de sel (chlorure de sodium). Plusieurs facteurs nutritionnels contribuent à augmenter les besoins en eau du cheval. C’est le cas de la consommation de foin sec, d’autant plus lorsque la saison de pâturage est terminée. En effet, la transition alimentaire du pâturage, à haute teneur en eau, vers le foin sec, à faible teneur en eau, est une période particulièrement à risque. Une consommation de foin sec combinée à une prise d’eau insuffisante peut mener à des problèmes de santé tels les coliques par impaction ou les obstructions œsophagiennes, des situations fréquemment rapportées à l’automne. La consommation excessive de certains nutriments, notamment la protéine, augmente aussi les besoins en eau du cheval puisque ce dernier doit éliminer certains déchets métaboliques dans son urine, par ses reins. Supplémentation en sel et en électrolytes Au nombre des pratiques utilisées pour assurer une consommation d’eau suffisante et un niveau d’hydratation optimal, l’ajout de sel granulaire dans la ration, à raison d’un minimum d’une à deux cuillérées à thé par jour, voire beaucoup plus au besoin, a démontré son efficacité. L’accès à un bloc de sel en continu est une autre option, mais les chevaux en sont habituellement peu friands et le mangent rarement en quantité suffisante pour influencer une consommation d’eau à la hausse. Pour véritablement stimuler la consommation d’eau du cheval de taille moyenne, sachez qu’un bloc de sel de 2 kg devrait être consommé en plus ou moins 6 semaines. Cela dit, rien n’empêche de laisser un bloc de sel à la disposition du cheval, en plus d’ajouter à ses repas du sel granulaire, bien au contraire. Vous l’aurez certainement constaté, il existe une panoplie de suppléments électrolytiques commerciaux sur le marché. Tous ne sont pas d’égale valeur. Une supplémentation électrolytique de qualité optimise la consommation d’eau et aide à maintenir un bon niveau d’hydratation. Bien formulé, ce type de supplément devrait offrir les électrolytes perdus pendant la sudation, et ce dans de bonnes proportions. Pour que le cheval profite pleinement de ses avantages, il revient au cavalier d’utiliser le supplément à bon escient et de le servir au bon moment. En vue d’un concours ou d’une séance intense d’entraînement, il est recommandé de fournir des électrolytes au cheval la veille, le jour et le lendemain de l’activité. Cependant, si un cheval est en état de déshydratation sévère, donner une solution orale d’électrolytes ne fera qu’exacerber le problème. En effet, une concentration d’électrolytes trop importante dans l’estomac et l’intestin entraîne un appel d’eau provenant de la circulation sanguine vers ces organes, une situation qui perdurera jusqu’à ce que l’équilibre électrolytique soit atteint. Si vous soupçonnez une déshydratation importante, appelez votre vétérinaire en vitesse ! Au moment de choisir un supplément d’électrolytes, assurez-vous que la préparation contient, en tête de liste, du sodium et du chlore, plutôt que du sucre ou ses dérivés. Attardez-vous à la liste d’ingrédients et à la concentration des différents électrolytes trouvés dans le produit et, au besoin, informez-vous auprès de votre agronome équin ou de votre vétérinaire spécialisé en nutrition. Cela dit, le sucre ou le dextrose ajouté aux produits ont leur utilité : en plus d’agir comme agents de saveur, ils aident à l’absorption des électrolytes lorsque le ratio sel : sucre idéal est respecté (autour de 2 : 1). Comme quoi même les glucides, qui ont bien mauvaise presse dans le milieu équin – le plus souvent par ignorance – ont leur utilité en nutrition, et pas seulement au point de vue électrolytique ! À noter : les suppléments qui apportent du sodium sous forme de bicarbonate de sodium sont à déconseiller pour les efforts physiques de durée modérée comme le dressage, le reining ou le saut d’obstacle, car ils peuvent favoriser l’apparition de crampes musculaires. Cependant, pour les disciplines de courte durée comme la course de baril ou le gymkhana, les risques sont faibles. En conclusion, rappelons que les besoins hydriques du cheval sont grands et augmentent avec la température, le niveau d’exercice physique et l’état de stress ; ils ne doivent donc pas être sous-estimés. De plus, insistons sur le fait qu’un libre accès à l’eau ne garantit pas un niveau d’hydratation adéquat. La supplémentation en électrolytes est une stratégie efficace pour favoriser une hydratation optimale et un bon équilibre électrolytique dans l’organisme. Le supplément doit offrir au cheval les bonnes proportions d’électrolytes et son ratio sel : sucre doit être adéquat. Écrit en collaboration avec Blue Seal Feed. |
Les principaux avantages de l’ajout d’un supplément électrolytique de qualité
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