PAR KATERINE PARD, AGR.
ARTICLE PARU DANS
CHEVAL QUÉBEC MAGAZINE - PRINTEMPS 2019 - VOL.37 NO.1 |
Nourrir le cheval d'école, un casse-tête ?
De nombreux défis se posent quant à l’alimentation des chevaux-écoles. Les instructeurs veulent des chevaux calmes, en bonne condition physique et les propriétaires de centres équestres souhaitent contrôler les coûts d’exploitation. Il est possible de concilier ces deux enjeux, sans faire trop de compromis ! Le foin C’est la base de l’alimentation du cheval. Un foin de qualité peut faire économiser beaucoup en moulée et suppléments. Prenons par exemple un cheval moyen de 500 kg, qui travaille 5 jours semaine. Avec un foin de moindre qualité, il aurait besoin de 3 kg de moulée par jour pour maintenir sa cote de chair. Un beau foin de deuxième coupe réduit cette quantité à 1 kg par jour, ce qui dégage des fonds pour l’achat de foin (environ 2 $ par cheval par jour). En supposant qu’un cheval mange entre ¾ et 1 balle de foin par jour, il est possible d’investir jusqu’à 2 $ de plus par balle et conserver le même coût d’exploitation par cheval. Un foin de qualité contient aussi plus de protéines, ce qui contribue à améliorer la masse musculaire. Pour cet herbivore qu’est le cheval, une alimentation basée sur le foin plutôt que la moulée favorise une meilleure santé digestive. Le foin plus mature (moins calorique) est quant à lui généralement réservé aux chevaux trop gras qui ne reçoivent pas de moulée complète. La moulée Il faut ensuite choisir la bonne moulée. Le premier critère de sélection est la source de calories qui doit varier selon le type d’exercice pratiqué. Si le cheval accomplit un travail court et intense (anaérobique) comme la course de baril, il devra recevoir un apport minimum en sucre, car c’est la seule source d’énergie qu’il peut utiliser pour ce type de travail. S’il doit faire de l’exercice de moins grande intensité sur une plus longue période (aérobique), alors la fibre et le gras seront des sources de calories intéressantes pour lui. Le tempérament du cheval sera aussi à considérer. En effet, certains chevaux semblent réagir aux moulées contenant beaucoup de grains puisque ceux-ci contiennent du sucre (amidon). Lorsque l’excitabilité est due à la moulée, l’énergie du cheval devrait revenir à la normale environ 3 heures après son repas. Si l’excitabilité dure toute la journée, c’est le tempérament du cheval et non la moulée qui est en cause. Il peut aussi être intéressant de servir une moulée contenant des acides aminés ajoutés. Ces derniers procurent des protéines de qualité et permettent au cheval de maintenir et développer sa masse musculaire. Choisir sa moulée en fonction du coût par sac n’est pas nécessairement gage d’économie. En effet, selon la qualité du grain et les traitements effectués pour augmenter sa digestibilité, la quantité n’est pas automatiquement proportionnelle au nombre de calories. Par exemple, 1,15 kg à 1,20 kg de maïs cassé sont nécessaires pour obtenir les résultats de 1 kg d’une moulée contenant du maïs extrudé. Il faut aussi choisir avec soin les moulées contenant des fibres, car toutes les fibres n’offrent pas la même digestibilité et la même qualité. Par exemple, les écales de soya et la pulpe de betterave sont des fibres de qualité supérieure par rapport aux écales d’avoine et au son de riz. Il est donc plus concluant de calculer le coût d’alimentation par cheval par jour plutôt que le coût au sac. Les vitamines et minéraux L’ajout de vitamines et minéraux à la diète est toujours essentiel. Oui, la moulée en contient, mais encore faut-il donner la quantité suggérée sur l’étiquette et cette quantité correspond rarement aux besoins caloriques du cheval. Dès qu’un cheval requiert moins de moulée que la quantité recommandée, il devrait recevoir un supplément en vitamines et minéraux. Deux raisons expliquent ceci. D’abord, le foin sec, même de bonne qualité, ne contient pas de vitamines et pas assez de minéraux comme le soufre, le manganèse, le cuivre, le sélénium, etc. Le pâturage procure quant à lui plus de vitamines, mais pas plus de minéraux que le foin. Au Québec, le sol ne contient pas suffisamment de nutriments pour combler les besoins du cheval. D’une façon ou d’une autre, il faut complémenter la ration. L’importance de la ration sur le comportement Malheureusement, certains chevaux d’école ne reçoivent pas une alimentation appropriée à leur dépense énergétique. La sous-nutrition est vue par certains gestionnaires comme un moyen de garder le cheval plus calme. Ce n’est pas un bon réflexe, car un cheval dont la ration n’est pas adéquate risque davantage d’avoir des problèmes de comportement qu’un cheval bien nourri. Pourquoi ? Parce que si sa masse musculaire manque de force, il peut développer des douleurs et rechigner à collaborer. Il récupérera aussi moins rapidement après l’exercice, et sera moins coopératif s’il a d’autres heures de cours à donner. S’il souffre d’une carence en vitamine B1, des troubles anxieux peuvent apparaitre. Un cheval rationné en foin est aussi plus à risque de développer des problèmes gastriques et sera plus hargneux. Quantités et exemples Quelle quantité de foin, de moulée et de suppléments doit-on servir ? À moins de problème d’obésité, le foin devrait toujours être servi à volonté. Cela ne signifie pas d’en servir une montagne et de gaspiller. Lorsque vous servez un repas de foin, il doit en principe rester quelques brindilles du repas précédent au sol. Si ce n’est pas suffisant pour maintenir une belle cote de chair, une ration de moulée devra être ajoutée, de façon à générer un gain de poids suffisant à ce qu’on ne puisse voir les côtes de l’animal. Les vitamines et minéraux doivent être ajustés selon le poids du cheval, son niveau d’exercice et la quantité de moulée reçue. Les fournisseurs de ces produits sont en mesure de vous renseigner sur la quantité à servir selon ces critères. Quelques études de cas
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