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NUTRITION

Pour une mise à l'herbe sécuritaire

JOSÉE LALONDE, agr, M.A.
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©shutterstock
La dernière neige est enfin disparue et la fièvre du printemps pointe son nez. Bienvenues randonnées au chaud soleil et reprise de l’entraînement au grand air ! Avec cette belle herbe verte qui pousse dans les champs, vivement la mise au pré de vos compagnons… mais attention, pas si vite ! Si la transition au pâturage est trop abrupte, votre cheval pourrait en payer le prix.

Tout au long de l’hiver, la nutrition de votre cheval reposait en grande partie sur le foin et les concentrés, des aliments secs et fibreux. Avec la mise au pâturage, bonjour le changement ! D’une alimentation sèche et fibreuse, votre cheval passe à une nutrition humide et plus nutritive, alors que l’herbe est jeune et fraîche. Pour préserver sa santé digestive, cette transition alimentaire majeure demande temps et préparation.


Les particularités du système digestif

Tout changement alimentaire soudain — ajout de concentrés, changement de foin, transition au pâturage — peut causer des problèmes de santé chez le cheval (gaz, diarrhée, coliques, fourbure). Il est impératif de procéder de manière graduelle afin de laisser au système digestif le temps de s’adapter à toute nouvelle forme d’alimentation.

Pour rappel, les enzymes sécrétées par le petit intestin du cheval sont spécifiques à sa diète, tout comme le sont les bactéries qui colonisent son gros intestin. Durant l’hiver, les bactéries du microbiome du cheval se sont habituées à utiliser le type de foin servi, et les enzymes du petit intestin ont été sécrétées de manière à profiter pleinement des différents types et niveaux de protéines, hydrates de carbone et matières grasses offerts par la ration. Cette adaptation exige du temps, de là l’importance de mettre votre cheval à l’herbe très progressivement.

Lorsqu’un changement alimentaire survient sans suffisamment de préparation, les risques pour la santé digestive du cheval sont réels. En présence des jeunes pousses du printemps, la transition au pâturage provoque souvent son lot d’appels chez le vétérinaire. Les fourrages frais présentent un taux d’humidité nettement plus élevé que le foin, et leur apport énergétique, ainsi que leur contenu en protéines, amidon et sucres (incluant les fructanes), grimpent sensiblement. Sans transition graduelle, les composantes de la nouvelle diète devant être absorbées dans le petit intestin pourraient atteindre le cæcum et le colon (gros intestin) et bousculer l’équilibre de la population bactérienne. Peuvent alors s’ensuivre diverses complications, notamment une production excessive de gaz, une réduction du pH et même la mort de certaines bactéries, ce qui provoque une libération de toxines dangereuses. Ces atteintes au système digestif du cheval augmentent sensiblement les risques de problèmes en tous genres, notamment les coliques et la fourbure.

Le profil d’hydrates de carbone des pâturages, très différent de celui du foin, est riche en glucides, un facteur passible de provoquer des perturbations dans le gros intestin. Si votre cheval est atteint d’un problème métabolique (syndrome métabolique équin ; insulino-résistance) ou s’il y est susceptible (en surpoids ou ayant vécu des épisodes de fourbure par le passé), les dérèglements digestifs peuvent plus rapidement mener à des épisodes de fourbure et le pâturage pourrait être contre-indiqué. Pour avoir une opinion éclairée et professionnelle, parlez-en à votre vétérinaire et agronome équin.


Minimiser les risques par une transition en douceur

Patience et longueur de temps, voilà les clés du succès pour une transition sécuritaire et tout en douceur. Si votre cheval est un bon candidat à la mise au pré, faites un plan et préparez-vous à passer beaucoup de temps à l’écurie au cours des semaines à venir… une belle excuse pour justifier votre présence quotidienne auprès de votre compagnon à quatre pattes ! Si possible, faites-vous aider ; le suivi de l’agenda d’une mise à l’herbe sécuritaire est exigeant. Voici les points importants à retenir pour maintenir la santé digestive de votre cheval et optimiser la durée de vie du pâturage, qui est une ressource alimentaire de qualité lorsqu’il est bien entretenu :
  • Attendez que l’herbe ait poussé ! Celle-ci doit atteindre au moins 15 à 20 cm (6 à 8 po) avant que les chevaux aient accès au pré une première fois. Assurez-vous aussi que le pâturage est bien établi et le sol sec.
  • La première sortie de votre cheval doit durer une quinzaine de minutes. Petit conseil : si vous croyez que votre compagnon pourrait être difficile à rattraper une fois libre dans ce vert paradis, la tenue en laisse est de mise !
  • Augmentez la période de broutage de 15 à 20 minutes tous les jours jusqu’à ce que la durée totale atteigne 4 heures. Pour vous simplifier la vie, faites coïncider ces moments avec votre activité équestre du jour, par exemple avant et après la monte. Une source de fourrage pour « remplir » l’estomac avant l’exercice est bénéfique et comme récompense après l’activité, difficile de faire mieux qu’une petite séance de broutage d’herbe succulente !
  • Avant de laisser à votre cheval un accès illimité à l’herbe fraîche, la période de broutage quotidienne de 4 heures doit être en place depuis au moins une semaine.
  • Lors de la première mise à l’herbe définitive, ajoutez une portion de foin ; qui sait, cela pourrait freiner la gourmandise de certains ! Si votre cheval daigne à peine regarder le foin, inutile de répéter l’expérience…
  • Pour maintenir la valeur nutritive du champ, évitez le surpâturage ! Lorsque l’herbe atteint 10 cm (4 po), le temps est venu de retirer votre compagnon du pré. En deçà de 10 cm, la photosynthèse est limitée et la plante peut difficilement générer l’énergie et les nutriments nécessaires à sa repousse. Aussi, le surpâturage prolongé peut détruire complètement les plantes, laissant des endroits dénudés propices à l’infestation de mauvaises herbes. De plus, le surpâturage impose un stress aux plantes, ce qui peut augmenter leur teneur en hydrates de carbone non structuraux (sucres et amidon), un facteur favorisant l’apparition de perturbations digestives.
  • La valeur nutritive d’un pâturage bien entretenu est précieuse ! Rappelez-vous toutefois que le contenu en sélénium des sols du Québec est négligeable. Peu importe la qualité du pâturage, un supplément offrant du sélénium en quantité optimale (3 mg/jour) reste essentiel. Pour vous assurer que l’alimentation de votre cheval demeure complète et équilibrée, demandez l’aide d’un agronome équin qualifié.

Le printemps est enfin à nos portes et la période de mise au pâturage arrive à grands pas ! Ne laissez pas votre enthousiasme prendre le dessus sur le gros bon sens malgré la tentation de l’herbe verte et l’impatience de vos chevaux ! Respectez le plus possible la marche à suivre et la transition vers une alimentation de qualité en pâture se passera au mieux. Une fois le cheval au pré à temps plein, enfin libre d’interagir avec ses compagnons et profiter d’une liberté retrouvée, tous les efforts déployés pour une mise en place sécuritaire de cette période de transition auront valu la peine. 


Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
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