NUTRITION
Production laitière, pour tout savoir
sur «l'or blanc»
JOSÉE LALONDE, agr, M.A.
Le petit est enfin arrivé ! Vous l’attendiez depuis si longtemps ! Maintenant qu’il est là, vous avez le devoir de vous assurer qu’il ne manque de rien. Pour répondre à ses besoins nutritionnels, c’est de l’alimentation de la mère dont vous devez vous préoccuper, la croissance saine du poulain étant en grande partie dépendante de la qualité du lait qu’elle produira jusqu’au sevrage.
Premier objectif : assurer un bon transfert d’immunité au nouveau-né, celui-ci étant dépourvu d’anticorps. Le colostrum, premier lait fourni par la jument, est indispensable pour offrir au poulain les anticorps (immunoglobulines) qui l’aideront à combattre virus et bactéries. Le colostrum est riche en vitamines et en plusieurs autres nutriments et son effet laxatif favorise le péristaltisme intestinal et l’élimination du méconium, première selle du nouveau-né. Un colostrum de qualité, consommé idéalement dans les 12 heures suivant la parturition, fournit au poulain une protection immunitaire adéquate pour les 7 ou 8 premières semaines de vie. Toutefois, si la qualité du précieux liquide est faible ou si le foal n’en consomme pas suffisamment, les risques d’infection sont importants, ce qui met sa vie en péril. Recourir à une banque de colostrum congelé en cas de pépin durant le poulinage (quantité insuffisante d’anticorps dans le colostrum, perte de colostrum avant la mise bas, décès de la jument) est fortement recommandé.
Une composition variable
Moins de 24 heures suivant le poulinage, la composition du lait de la mère a déjà changé et sa valeur nutritionnelle connaîtra des variations au fil des mois en fonction du stade de lactation, de l’état de chair de la jument et de son alimentation. Le lait de jument montre des similitudes avec celui de la femme ; il contient beaucoup de lactose (source d’énergie), peu de lipides et il est riche en vitamine C. Chez le lait de jument, les deux principales sources de protéines sont de haute qualité vu leur concentration élevée en acides aminés essentiels : ce sont la caséine et la protéine de lactosérum, cette dernière facilement absorbée par le tube digestif du poulain. Au chapitre des minéraux majeurs et des oligo-éléments, le lait maternel est bien pourvu et s’il est de qualité, il répond aux besoins du jeune jusqu’à 6 à 8 semaines d’âge. Combler les besoins du poulain en croissance demande un lait riche de nutriments, ce qui exige de servir à la jument un programme alimentaire équilibré et complet, fondé sur des aliments de haute qualité. En fait, la mère se doit d’être une véritable machine productrice de lait et sa ration quotidienne doit lui permettre d’atteindre cet objectif. Pour ce faire, une analyse de foin est essentielle.
Déjà, dès les premiers jours suivant le poulinage, la production laitière est importante et atteindra son apogée aux environs de la 4e ou 5e semaine de lactation, pour ensuite diminuer très légèrement au deuxième mois. Au cours des deux premiers mois d’allaitement, les besoins de la jument sont très élevés, particulièrement en énergie, protéine, calcium et phosphore. D’ailleurs, du point de vue énergétique, les besoins de la jument en lactation se comparent à ceux du cheval à l’exercice soutenu, rien de moins ! Pour cette raison, la cote de chair recommandée pour une jument en fin de gestation est de 6,5 à 7, ce qui lui procure une réserve de gras supplémentaire qui lui permettra de maintenir un bon état de chair en dépit d’une probable perte de poids liée aux besoins élevés de son foal. À ce stade, la mère produit chaque jour de 2 à 4 % de son poids corporel en lait ; pour une jument de 500 kg, cela correspond à une production laitière de 10 à 20 kg par jour. La quantité de lait produite par chaque jument varie et celle-ci détermine ses besoins nutritionnels quotidiens ; le programme alimentaire doit donc être personnalisé.
Un autre élément demeure essentiel en tout temps, peu importe la jument : l’hydratation. Le lait étant majoritairement composé d’eau (près de 90 %), la consommation moyenne augmente de 60 % chez la jument allaitante par rapport à ses besoins d’entretien. La qualité de l’eau doit être irréprochable et pour stimuler sa consommation, le sel demeure l’ingrédient de choix.
Protéines et minéraux, à surveiller
En ce qui concerne la protéine, les besoins de la jument en début de lactation augmentent de plus de 100 % comparativement à ceux du début de la gestation, et d’environ 65 % en les comparant à ceux de la fin de la gestation. Cette hausse importante des besoins de la jument allaitante doit faire partie de la réflexion au moment d’établir la ration de cette dernière et les concentrés, la plupart du temps nécessaires à ce stade, doivent offrir des sources de protéine de qualité et, ce en proportions adéquates. Si ce n’est pas le cas, la jument videra progressivement ses réserves, et si celles-ci sont plutôt basses, la croissance du poulain en souffrira tôt ou tard.
Au chapitre des minéraux, une attention particulière doit être portée aux minéraux majeurs, notamment au calcium et au phosphore, si importants pour un développement optimal et une croissance saine du jeune. Tel que le démontre le tableau 2 ci-joint, la valeur du lait en calcium et en phosphore diminue radicalement à l’approche du second mois de lactation, et si aucun supplément n’est servi au poulain, celui-ci risque fort de souffrir de carences, ce qui le met à risque de développer des problèmes articulaires. La teneur en oligo-éléments, notamment en cuivre, diminue aussi avec les semaines qui passent, un autre aspect à ne pas négliger lors de la mise en place de la ration du poulain non sevré.
Au fil des mois, le jeune consomme de plus en plus d’aliments secs et vers le 4e mois, le lait ne fournit plus qu’environ 30 % de ses besoins énergétiques. Par le fait même, les besoins nutritionnels de la jument jusqu’au sevrage diminuent progressivement.
En conclusion
Considérant la perte de valeur nutritionnelle du lait vers la 6e semaine de lactation, il est primordial de commencer à complémenter la ration du jeune en fonction de ses besoins nutritionnels, ceux-ci liés à son poids corporel. Un supplément de vitamines et minéraux bien formulé pour combler les besoins liés à la croissance du poulain est en général suffisant, sauf si celui-ci montre une cote de chair déficiente (moins de 4,5 sur 9). Si tel est le cas, une moulée conçue spécifiquement pour les poulains d’un an et moins doit être ajoutée.
La nutrition de la jument reproductrice et de son rejeton est complexe ; pour vous assurer que maman et son petit ne manquent de rien, n’hésitez pas à faire appel à un agronome équin.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com
Premier objectif : assurer un bon transfert d’immunité au nouveau-né, celui-ci étant dépourvu d’anticorps. Le colostrum, premier lait fourni par la jument, est indispensable pour offrir au poulain les anticorps (immunoglobulines) qui l’aideront à combattre virus et bactéries. Le colostrum est riche en vitamines et en plusieurs autres nutriments et son effet laxatif favorise le péristaltisme intestinal et l’élimination du méconium, première selle du nouveau-né. Un colostrum de qualité, consommé idéalement dans les 12 heures suivant la parturition, fournit au poulain une protection immunitaire adéquate pour les 7 ou 8 premières semaines de vie. Toutefois, si la qualité du précieux liquide est faible ou si le foal n’en consomme pas suffisamment, les risques d’infection sont importants, ce qui met sa vie en péril. Recourir à une banque de colostrum congelé en cas de pépin durant le poulinage (quantité insuffisante d’anticorps dans le colostrum, perte de colostrum avant la mise bas, décès de la jument) est fortement recommandé.
Une composition variable
Moins de 24 heures suivant le poulinage, la composition du lait de la mère a déjà changé et sa valeur nutritionnelle connaîtra des variations au fil des mois en fonction du stade de lactation, de l’état de chair de la jument et de son alimentation. Le lait de jument montre des similitudes avec celui de la femme ; il contient beaucoup de lactose (source d’énergie), peu de lipides et il est riche en vitamine C. Chez le lait de jument, les deux principales sources de protéines sont de haute qualité vu leur concentration élevée en acides aminés essentiels : ce sont la caséine et la protéine de lactosérum, cette dernière facilement absorbée par le tube digestif du poulain. Au chapitre des minéraux majeurs et des oligo-éléments, le lait maternel est bien pourvu et s’il est de qualité, il répond aux besoins du jeune jusqu’à 6 à 8 semaines d’âge. Combler les besoins du poulain en croissance demande un lait riche de nutriments, ce qui exige de servir à la jument un programme alimentaire équilibré et complet, fondé sur des aliments de haute qualité. En fait, la mère se doit d’être une véritable machine productrice de lait et sa ration quotidienne doit lui permettre d’atteindre cet objectif. Pour ce faire, une analyse de foin est essentielle.
Déjà, dès les premiers jours suivant le poulinage, la production laitière est importante et atteindra son apogée aux environs de la 4e ou 5e semaine de lactation, pour ensuite diminuer très légèrement au deuxième mois. Au cours des deux premiers mois d’allaitement, les besoins de la jument sont très élevés, particulièrement en énergie, protéine, calcium et phosphore. D’ailleurs, du point de vue énergétique, les besoins de la jument en lactation se comparent à ceux du cheval à l’exercice soutenu, rien de moins ! Pour cette raison, la cote de chair recommandée pour une jument en fin de gestation est de 6,5 à 7, ce qui lui procure une réserve de gras supplémentaire qui lui permettra de maintenir un bon état de chair en dépit d’une probable perte de poids liée aux besoins élevés de son foal. À ce stade, la mère produit chaque jour de 2 à 4 % de son poids corporel en lait ; pour une jument de 500 kg, cela correspond à une production laitière de 10 à 20 kg par jour. La quantité de lait produite par chaque jument varie et celle-ci détermine ses besoins nutritionnels quotidiens ; le programme alimentaire doit donc être personnalisé.
Un autre élément demeure essentiel en tout temps, peu importe la jument : l’hydratation. Le lait étant majoritairement composé d’eau (près de 90 %), la consommation moyenne augmente de 60 % chez la jument allaitante par rapport à ses besoins d’entretien. La qualité de l’eau doit être irréprochable et pour stimuler sa consommation, le sel demeure l’ingrédient de choix.
Protéines et minéraux, à surveiller
En ce qui concerne la protéine, les besoins de la jument en début de lactation augmentent de plus de 100 % comparativement à ceux du début de la gestation, et d’environ 65 % en les comparant à ceux de la fin de la gestation. Cette hausse importante des besoins de la jument allaitante doit faire partie de la réflexion au moment d’établir la ration de cette dernière et les concentrés, la plupart du temps nécessaires à ce stade, doivent offrir des sources de protéine de qualité et, ce en proportions adéquates. Si ce n’est pas le cas, la jument videra progressivement ses réserves, et si celles-ci sont plutôt basses, la croissance du poulain en souffrira tôt ou tard.
Au chapitre des minéraux, une attention particulière doit être portée aux minéraux majeurs, notamment au calcium et au phosphore, si importants pour un développement optimal et une croissance saine du jeune. Tel que le démontre le tableau 2 ci-joint, la valeur du lait en calcium et en phosphore diminue radicalement à l’approche du second mois de lactation, et si aucun supplément n’est servi au poulain, celui-ci risque fort de souffrir de carences, ce qui le met à risque de développer des problèmes articulaires. La teneur en oligo-éléments, notamment en cuivre, diminue aussi avec les semaines qui passent, un autre aspect à ne pas négliger lors de la mise en place de la ration du poulain non sevré.
Au fil des mois, le jeune consomme de plus en plus d’aliments secs et vers le 4e mois, le lait ne fournit plus qu’environ 30 % de ses besoins énergétiques. Par le fait même, les besoins nutritionnels de la jument jusqu’au sevrage diminuent progressivement.
En conclusion
Considérant la perte de valeur nutritionnelle du lait vers la 6e semaine de lactation, il est primordial de commencer à complémenter la ration du jeune en fonction de ses besoins nutritionnels, ceux-ci liés à son poids corporel. Un supplément de vitamines et minéraux bien formulé pour combler les besoins liés à la croissance du poulain est en général suffisant, sauf si celui-ci montre une cote de chair déficiente (moins de 4,5 sur 9). Si tel est le cas, une moulée conçue spécifiquement pour les poulains d’un an et moins doit être ajoutée.
La nutrition de la jument reproductrice et de son rejeton est complexe ; pour vous assurer que maman et son petit ne manquent de rien, n’hésitez pas à faire appel à un agronome équin.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com