Protection des pieds : les innovations
Bottes, semelles, fers thérapeutiques
PAR NATHALIE LABERGE
Il y a trente ans à peine, garder un cheval pieds nus était presque impensable. Le ferrage à clous s’avérait l’unique option, et les perspectives d’un cheval atteint de boiterie chronique s’annonçaient sombres. Aujourd’hui, les maréchaux-ferrants et les propriétaires de chevaux disposent d’une multitude de connaissances nouvelles et de produits performants qui permettent plus de flexibilité quant au support et à la protection des pieds des chevaux.
La botte réinventée
D’abord conçues pour protéger les pieds qu’on ne veut pas ferrer ou pour faciliter la transition après le retrait des fers, les bottes s’avèrent aujourd’hui un accessoire d’entraînement indispensable dans certains contextes sportifs. Polyvalentes et performantes, elles sont simples à installer une fois les bonnes mesures obtenues. Des coussinets fabriqués de différents matériaux, qu’on pense au polymère, gel d’uréthane thermoplastique ou kevlar, viennent en optimiser l’efficacité et aident à soulager certaines affections telles que la fourbure, par exemple. Certaines bottes thérapeutiques peuvent quant à elles exercer un effet de bascule et permettre au cheval de mieux répartir son poids en fonction des zones de sensibilité. Le confort ainsi apporté favorise une meilleure santé et récupération du pied en lui permettant de demeurer actif. En effet, l’alternance entre l’appui (poids sur le pied) et l’absence d’appui (pas de poids sur le pied) agit comme une pompe et active la vascularisation, un élément clé d’un pied sain et sans douleur.
D’abord conçues pour protéger les pieds qu’on ne veut pas ferrer ou pour faciliter la transition après le retrait des fers, les bottes s’avèrent aujourd’hui un accessoire d’entraînement indispensable dans certains contextes sportifs. Polyvalentes et performantes, elles sont simples à installer une fois les bonnes mesures obtenues. Des coussinets fabriqués de différents matériaux, qu’on pense au polymère, gel d’uréthane thermoplastique ou kevlar, viennent en optimiser l’efficacité et aident à soulager certaines affections telles que la fourbure, par exemple. Certaines bottes thérapeutiques peuvent quant à elles exercer un effet de bascule et permettre au cheval de mieux répartir son poids en fonction des zones de sensibilité. Le confort ainsi apporté favorise une meilleure santé et récupération du pied en lui permettant de demeurer actif. En effet, l’alternance entre l’appui (poids sur le pied) et l’absence d’appui (pas de poids sur le pied) agit comme une pompe et active la vascularisation, un élément clé d’un pied sain et sans douleur.
Malgré ces avantages indéniables, certaines considérations doivent être prises en compte :
Les nouvelles chaussures et semelles, une petite révolution Sans doute la plus grande innovation des vingt dernières années, les nouvelles chaussures et semelles à coller, clouer ou clipser ont révolutionné la maréchalerie. Effectivement, ces supports sont plus souples et flexibles que les fers traditionnels. Ils sont conçus pour s’adapter à l’expansion et à la contraction naturelle du sabot. Offerts en plusieurs matériaux comme l’aluminium, l’uréthane, le polyuréthane et les polymères composites, et divers designs, ils s’adaptent à plusieurs disciplines. Selon les marques et les modèles, les supports se fixent par clouage, collage direct ou indirect, ou en combinaison colle et pinçons selon le modèle. Ces nouvelles chaussures très légères fournissent un support à la fourchette, absorbent mieux les chocs et limitent les dommages liés aux clous. |
Publié par Podologie Équine Libre, ce blog présente de nombreux modèles de chaussures et semelles. Il est intéressant à consulter pour comparer différentes options disponibles sur le marché. https://podologie-equine-libre.net/2018/07/16/alternatives-a-la-ferrure |
Adepte de randonnée longue distance et d’endurance depuis 2002, Lysane Cree utilise les supports en polyuréthane par collage direct depuis une dizaine d’années. « J’ai commencé à les employer parce que je pouvais les appliquer au besoin pour les concours et garder mon cheval pieds nus le reste du temps, ou utiliser des bottes pour l’entraînement. Pour cette cavalière du Québec qui cumule 4 381 km en carrière sur les circuits de l’OCTRA[1] et de l’AERC[2], coller ses fers est affaire de méthode. Il faut d’abord mesurer soigneusement un sabot fraîchement paré pour obtenir la bonne taille. Le sabot doit être propre et frotté avec une brosse métallique et le bord inférieur de la paroi du sabot doit être râpé, de façon à obtenir une surface bien propre pour la colle. Comme la colle époxy prend vite, il faut avoir tout l’équipement nécessaire à portée de la main », précise l’athlète, pour qui le concept a fait ses preuves. Ses montures, la jument Paint Horse Mae West Holliday et le hongre arabe Belesemo Extreme comptent respectivement 2 139 km et 1 514 km sur les sentiers. Cela dit, les cavaliers qui ne possèdent pas l’expérience de ce processus délicat devraient solliciter l’aide d’un maréchal-ferrant.
Avant d’investir dans ce type de produit, il faut garder en tête que :
Avant d’investir dans ce type de produit, il faut garder en tête que :
- La pose requiert du doigté – Des chaussures mal installées peuvent exercer une pression sur la sole ou provoquer des abcès. On voudra aussi repérer toute infection préexistante, qui risque autrement d’être scellée dans la partie inférieure du pied.
- L’humidité est l’ennemie – Des conditions boueuses peuvent faire céder l’adhésif. De même, comme l’environnement fermé de la botte emprisonne l’humidité, on évitera de les garder plus longtemps que nécessaire.
Les fers thérapeutiques : l’instrument et l’expertise
Les fers thérapeutiques procurent protection et soulagement pour une pléthore de conditions, notamment la fourbure, le syndrome naviculaire et diverses contraintes ligamentaires, tendineuses et articulaires. Mais ici, une distinction s’impose. « Il existe une confusion entre les désignations “orthopédiques” ou “thérapeutiques”, note Claude Lortie, CJF[3] et membre de l’Association des maréchaux-ferrants du Québec. En fait, les fers orthopédiques s’utilisent surtout pour redresser les poulains ou corriger un problème à plus long terme. En contexte d’orthopédie, le cheval n’est pas monté. » Les supports s’adressant aux chevaux à l’exercice se regroupent donc sous la catégorie des fers thérapeutiques ou kinésithérapiques. « Le fer thérapeutique est une solution temporaire pour la réadaptation du cheval et qui permet de protéger une lésion pendant qu’il se remet en forme. L’objectif reste toujours le retour à la normalité », explique monsieur Lortie. « L’emploi d’un type de fer ou d’un matériau par rapport à un autre varie selon la gravité du problème et l’utilisation du cheval. Le ferrage doit s’adapter à l’évolution de l’affection à traiter », précise-t-il.
Dans les cas de boiteries chroniques, les fers palliatifs offrent une solution permanente qui accompagne le cheval dans un défaut acquis ou une pathologie. « On les utilise dans l’optique de soulager sans nécessairement guérir. En combinaison avec la médication, les fers palliatifs peuvent sauver un cheval de l’euthanasie », témoigne le maréchal-ferrant. La recherche de l’équilibre Pour un usage efficace d’outils spécialisés tels que les bottes, fers, soutiens thérapeutiques ou sportifs, il faut regarder au-delà du pied pour voir le cheval dans son ensemble. C’est ici que les connaissances de la biomécanique viennent appuyer l’accessoire. « Le cheval est dans une recherche constante de confort, rappelle Claude Lortie. Pour maintenir un bon aplomb physiologique et homéostatique, il peut tolérer un indice de contrainte de 5 % à 6 % à court terme. Au-delà de ce pourcentage, il va devoir compenser en changeant l’axe de sa posture pour s’équilibrer et se soustraire à l’inconfort. » Cette quête fondamentale de l’équilibre repose sur la réduction des contraintes, une logistique délicate où la régie et les gestionnaires d’écurie jouent un rôle prépondérant. Pour Claude Lortie, la qualité des sols où le cheval exerce sa discipline et la litière où il se repose correspondent à des enjeux dynamiques importants, car beaucoup de boiteries y sont directement reliées. « Le cheval possède un point précis dans le pied, qu’on désigne comme le centre de pression, illustre monsieur Lortie. On recherche l’équilibre de la base d’appui, c’est-à-dire, de la tournure de la base du fer par rapport au centre de pression. C’est ce qui va diminuer les contraintes, résume-t-il. En somme, le défi de la maréchalerie est d’équilibrer le pied. La mission du maréchal est de poser un support à cet endroit stratégique qui fera en sorte que le cheval puisse se tenir sans que cela nécessite d’effort. » Pour cet artisan chevronné de près de 40 ans de métier, des intervalles de parage rapprochés restent le meilleur moyen d’éviter un déséquilibre qui risque de dégénérer sur un traitement compliqué. « À la base, la condition du pied repose sur la qualité du parage. Les fers thérapeutiques ne sont pas une panacée, et ils ne remplacent pas une bonne compréhension de l’anatomie du cheval. Poser un fer sur un pied mal paré ne fait qu’aggraver le problème. » Le facteur humain Des protocoles adaptés de parage, de maréchalerie, de traitement et d’entraînement peuvent aider les chevaux à exploiter pleinement leur potentiel athlétique, ou retrouver une meilleure qualité de vie. Grâce au partenariat avec leurs professionnels équins et à l’accès à des produits innovants, les propriétaires de chevaux possèdent un pouvoir d’intervention sans précédent. C’est une chance formidable à saisir. N’hésitez pas à en discuter avec votre maréchal-ferrant. Remerciements sincères à Lysane Cree et Claude Lortie pour leur précieuse collaboration. Références : Smith-Thomas, Heather, « Horse Hoof Wear Innovations », (2021), repéré à https://thehorse.com/185720/horse-hoofwear-innovations/ Jurga, Fran, « Horse Boots Hit the Trail », (2019), repéré à https://horseandrider.com/horse-health-care/hoof-boots-hit-trail/ |
Photo fer thérapeutiques
(Source : AMFQ) Fers thérapeutiques : des distinctions importantes
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[1] Ontario Competitive Trail Riding Association
[2] American Endurance Ride Conference
[3] Certified Journeyman Farrier, le plus haut niveau de certification en Amérique du Nord, est décerné l’AFA (American Farriers’ Association).