NUTRITION
Protéger son cheval par les antioxydants
PAR RACHÈLE TREMBLAY, AGR, MSC
On entend souvent parler des effets bénéfiques des antioxydants chez l’humain et des avantages sur la santé de certains aliments qui en contiennent beaucoup. Par exemple, grâce à leur pouvoir antioxydant, les tanins contenus dans le vin rouge, les feuilles d’olivier ou les fruits frais ont acquis une place de choix dans la catégorie des supers aliments. Vu les bienfaits de ces molécules sur la santé et sur la prévention de diverses maladies chez de nombreuses espèces animales, il devient légitime de se questionner sur la nécessité d’une supplémentation quotidienne dans la ration alimentaire de notre compagnon.
Avant de faire la lumière sur la question et de rentrer dans le vif du sujet, un retour sur la biologie cellulaire s’impose afin de mieux comprendre le rôle et le fonctionnement des antioxydants.
Chez les animaux, l’énergie est produite par des organelles cellulaires nommées mitochondries. Celles-ci transforment l’oxygène, le sucre et le gras en molécules d’adénosine triphosphate (ATP). Les molécules d’ATP représentent la monnaie énergétique nécessaire au fonctionnement de toutes les cellules des animaux, tandis que les mitochondries agissent comme de petites centrales énergétiques productrices d’ATP. Lors de la production d’énergie (ATP), certaines molécules d’oxygène sont détournées et des radicaux libres sont produits (ROS) ; ceux-ci sont instables et oxydants et, jusqu’à ce qu’ils soient neutralisés, ils causeront des dommages à l’ADN (information génétique), aux protéines et aux membranes cellulaires. Les dégâts causés par les ROS sont associés au vieillissement et au développement de certaines pathologies comme le cancer.
Heureusement, les molécules ayant des propriétés antioxydantes sont en mesure de neutraliser les ROS, les empêchant de causer des dommages cellulaires. En effet, des mécanismes existent afin de permettre d’atteindre un équilibre entre la production et la neutralisation des ROS. Toutefois, lorsque les niveaux d’oxygène augmentent drastiquement, lorsque le cheval est à l’exercice par exemple, cet équilibre est rompu et les cellules du cheval produisent plus de ROS qu’elles ne sont capables d’en neutraliser. Les défenses antioxydantes s’épuisent et le cheval tombe dans un état de stress oxydatif pouvant entrainer des dommages cellulaires, une fatigue, une mauvaise récupération après effort et une baisse de l’immunité.
Afin d’éviter ces effets négatifs et pour augmenter les défenses de l’organisme du cheval, une supplémentation en antioxydants est nécessaire, et ce à tous les stades physiologiques de l’animal.
Les principaux antioxydants trouvés dans l’alimentation de l’équidé sont des dérivés de vitamines et de minéraux. Les bêta-carotènes (B-carotènes), des précurseurs de la vitamine A, la vitamine E, en conjonction avec le sélénium, ainsi que la vitamine C sont des antioxydants essentiels au métabolisme du cheval.
Les B-carotènes sont présents en quantité importante dans les fourrages verts et dans les pâturages. En plus de renforcer les défenses antioxydantes du cheval, ces molécules jouent un rôle au niveau de la fertilité et de la vision. Elles demeurent toutefois fragiles et leur durée de vie dans le foin sec n’est pas très longue; on estime la concentration de B-carotènes dans le foin sec comme étant pratiquement nulle après 3 mois d’entreposage.
La vitamine E, quant à elle, est présente dans les fourrages verts, la luzerne et les germes et huiles de germes. À l’instar des B-carotènes, elle ne résiste pas très bien à l’entreposage et sa concentration dans le foin sec diminue drastiquement avec le temps. Cette vitamine, en conjonction avec le sélénium, prévient la peroxydation des lipides et protège les membranes cellulaires de l’oxydation. Elle présente un pouvoir de protection antioxydant puissant et est impliquée dans la réponse immunitaire, le fonctionnement des nerfs et des muscles, la fertilité, etc. Le cheval n’étant pas en mesure de fabriquer la vitamine E, elle doit obligatoirement provenir de son alimentation ; une supplémentation adéquate dans sa ration est donc absolument nécessaire. Comme c’est le cas pour le sélénium, il existe des suppléments conçus avec de la vitamine E sous sa forme organique (naturelle) et d’autres avec de la vitamine E sous sa forme synthétique. Les formes organiques sont plus assimilables et mieux gérées par le métabolisme du cheval qui reconnait ce type de molécule plus facilement. Il est donc recommandé de choisir un supplément de vitamines et de minéraux dont la majeure partie de la vitamine E et du sélénium provient de sources naturelles, ce qui optimisera les défenses antioxydantes du cheval et sa santé globale.
Enfin, la vitamine C, une molécule antioxydante qui gagne en popularité depuis quelques années, est impliquée dans la synthèse du collagène, la recharge de la vitamine E, la synthèse des hormones, le métabolisme de la vitamine D, la calcification osseuse, le contrôle des pathologies arthritiques et le contrôle du métabolisme antihistaminique impliqué dans les réactions allergiques. Une molécule importante vous en conviendrez !
Heureusement, pour combler ses besoins, le cheval a la capacité de fabriquer dans son foie sa propre vitamine C à l’aide de glucose et de l’enzyme
L-gulonolactone oxydase. Tous les chevaux dotés d’un foie fonctionnel et qui reçoivent une quantité suffisante de calories dans leur alimentation sont donc en mesure de fabriquer leur propre vitamine C et d’ainsi combler leurs besoins. Une supplémentation à moyen ou long terme de cette vitamine devient inutile, voire dangereuse, car il a été démontré par la recherche qu’un ajout de plus de 10 jours entraîne une baisse de la synthèse de l’enzyme responsable de sa fabrication. Après 10 jours, la vitamine C doit être retirée de la ration graduellement afin de sevrer le cheval et d’ainsi permettre aux enzymes de retrouver une concentration hépatique normale. De plus, comme le cheval ne dépend pas de la vitamine C présente dans les aliments pour combler ses besoins, l’absorption de cette vitamine au niveau intestinale est très faible ; une supplémentation minimale de 3 g de vitamine C est nécessaire afin de faire augmenter les niveaux sanguins. La recherche continue à s’intéresser de près à l’utilisation de la vitamine C chez le cheval car son pouvoir antioxydant est très élevé. Donnée pendant quelques jours en quantité suffisante, par exemple en période de stress (transport, compétition, etc.), elle aidera au renforcement des défenses antioxydantes du cheval et lui sera bénéfique.
En conclusion, rappelons que le métabolisme du cheval utilise constamment les mécanismes mis à sa disposition pour garder un équilibre entre la production des ROS et leur neutralisation. Certaines situations comme l’exercice physique et le stress viennent chambouler cet équilibre et font tomber le métabolisme du cheval dans un état de stress oxydatif. Les antioxydants aident à renforcer les défenses du cheval et limitent les dommages causés par le stress oxydatif. Certains antioxydants sont fabriqués par le cheval et d’autres doivent absolument provenir de sa ration alimentaire. Il est essentiel de fournir à votre compagnon un supplément de vitamines et de minéraux de qualité, dont la plus grande partie des vitamines et minéraux sont de source organique. La quantité servie doit permettre de répondre aux besoins physiologiques du cheval selon son stade de vie. N’hésitez pas à demander l’aide d’un agronome ou d’un vétérinaire spécialisé en nutrition équine ! l
Écrit en collaboration avec Blue Seal et Meunerie Maska
Avant de faire la lumière sur la question et de rentrer dans le vif du sujet, un retour sur la biologie cellulaire s’impose afin de mieux comprendre le rôle et le fonctionnement des antioxydants.
Chez les animaux, l’énergie est produite par des organelles cellulaires nommées mitochondries. Celles-ci transforment l’oxygène, le sucre et le gras en molécules d’adénosine triphosphate (ATP). Les molécules d’ATP représentent la monnaie énergétique nécessaire au fonctionnement de toutes les cellules des animaux, tandis que les mitochondries agissent comme de petites centrales énergétiques productrices d’ATP. Lors de la production d’énergie (ATP), certaines molécules d’oxygène sont détournées et des radicaux libres sont produits (ROS) ; ceux-ci sont instables et oxydants et, jusqu’à ce qu’ils soient neutralisés, ils causeront des dommages à l’ADN (information génétique), aux protéines et aux membranes cellulaires. Les dégâts causés par les ROS sont associés au vieillissement et au développement de certaines pathologies comme le cancer.
Heureusement, les molécules ayant des propriétés antioxydantes sont en mesure de neutraliser les ROS, les empêchant de causer des dommages cellulaires. En effet, des mécanismes existent afin de permettre d’atteindre un équilibre entre la production et la neutralisation des ROS. Toutefois, lorsque les niveaux d’oxygène augmentent drastiquement, lorsque le cheval est à l’exercice par exemple, cet équilibre est rompu et les cellules du cheval produisent plus de ROS qu’elles ne sont capables d’en neutraliser. Les défenses antioxydantes s’épuisent et le cheval tombe dans un état de stress oxydatif pouvant entrainer des dommages cellulaires, une fatigue, une mauvaise récupération après effort et une baisse de l’immunité.
Afin d’éviter ces effets négatifs et pour augmenter les défenses de l’organisme du cheval, une supplémentation en antioxydants est nécessaire, et ce à tous les stades physiologiques de l’animal.
Les principaux antioxydants trouvés dans l’alimentation de l’équidé sont des dérivés de vitamines et de minéraux. Les bêta-carotènes (B-carotènes), des précurseurs de la vitamine A, la vitamine E, en conjonction avec le sélénium, ainsi que la vitamine C sont des antioxydants essentiels au métabolisme du cheval.
Les B-carotènes sont présents en quantité importante dans les fourrages verts et dans les pâturages. En plus de renforcer les défenses antioxydantes du cheval, ces molécules jouent un rôle au niveau de la fertilité et de la vision. Elles demeurent toutefois fragiles et leur durée de vie dans le foin sec n’est pas très longue; on estime la concentration de B-carotènes dans le foin sec comme étant pratiquement nulle après 3 mois d’entreposage.
La vitamine E, quant à elle, est présente dans les fourrages verts, la luzerne et les germes et huiles de germes. À l’instar des B-carotènes, elle ne résiste pas très bien à l’entreposage et sa concentration dans le foin sec diminue drastiquement avec le temps. Cette vitamine, en conjonction avec le sélénium, prévient la peroxydation des lipides et protège les membranes cellulaires de l’oxydation. Elle présente un pouvoir de protection antioxydant puissant et est impliquée dans la réponse immunitaire, le fonctionnement des nerfs et des muscles, la fertilité, etc. Le cheval n’étant pas en mesure de fabriquer la vitamine E, elle doit obligatoirement provenir de son alimentation ; une supplémentation adéquate dans sa ration est donc absolument nécessaire. Comme c’est le cas pour le sélénium, il existe des suppléments conçus avec de la vitamine E sous sa forme organique (naturelle) et d’autres avec de la vitamine E sous sa forme synthétique. Les formes organiques sont plus assimilables et mieux gérées par le métabolisme du cheval qui reconnait ce type de molécule plus facilement. Il est donc recommandé de choisir un supplément de vitamines et de minéraux dont la majeure partie de la vitamine E et du sélénium provient de sources naturelles, ce qui optimisera les défenses antioxydantes du cheval et sa santé globale.
Enfin, la vitamine C, une molécule antioxydante qui gagne en popularité depuis quelques années, est impliquée dans la synthèse du collagène, la recharge de la vitamine E, la synthèse des hormones, le métabolisme de la vitamine D, la calcification osseuse, le contrôle des pathologies arthritiques et le contrôle du métabolisme antihistaminique impliqué dans les réactions allergiques. Une molécule importante vous en conviendrez !
Heureusement, pour combler ses besoins, le cheval a la capacité de fabriquer dans son foie sa propre vitamine C à l’aide de glucose et de l’enzyme
L-gulonolactone oxydase. Tous les chevaux dotés d’un foie fonctionnel et qui reçoivent une quantité suffisante de calories dans leur alimentation sont donc en mesure de fabriquer leur propre vitamine C et d’ainsi combler leurs besoins. Une supplémentation à moyen ou long terme de cette vitamine devient inutile, voire dangereuse, car il a été démontré par la recherche qu’un ajout de plus de 10 jours entraîne une baisse de la synthèse de l’enzyme responsable de sa fabrication. Après 10 jours, la vitamine C doit être retirée de la ration graduellement afin de sevrer le cheval et d’ainsi permettre aux enzymes de retrouver une concentration hépatique normale. De plus, comme le cheval ne dépend pas de la vitamine C présente dans les aliments pour combler ses besoins, l’absorption de cette vitamine au niveau intestinale est très faible ; une supplémentation minimale de 3 g de vitamine C est nécessaire afin de faire augmenter les niveaux sanguins. La recherche continue à s’intéresser de près à l’utilisation de la vitamine C chez le cheval car son pouvoir antioxydant est très élevé. Donnée pendant quelques jours en quantité suffisante, par exemple en période de stress (transport, compétition, etc.), elle aidera au renforcement des défenses antioxydantes du cheval et lui sera bénéfique.
En conclusion, rappelons que le métabolisme du cheval utilise constamment les mécanismes mis à sa disposition pour garder un équilibre entre la production des ROS et leur neutralisation. Certaines situations comme l’exercice physique et le stress viennent chambouler cet équilibre et font tomber le métabolisme du cheval dans un état de stress oxydatif. Les antioxydants aident à renforcer les défenses du cheval et limitent les dommages causés par le stress oxydatif. Certains antioxydants sont fabriqués par le cheval et d’autres doivent absolument provenir de sa ration alimentaire. Il est essentiel de fournir à votre compagnon un supplément de vitamines et de minéraux de qualité, dont la plus grande partie des vitamines et minéraux sont de source organique. La quantité servie doit permettre de répondre aux besoins physiologiques du cheval selon son stade de vie. N’hésitez pas à demander l’aide d’un agronome ou d’un vétérinaire spécialisé en nutrition équine ! l
Écrit en collaboration avec Blue Seal et Meunerie Maska