Les recommandations alimentaires
pour la poulinière
PAR KATHERINE PARD, AGR.
Existe-t-il, dans la vie d’un propriétaire de cheval, plus beau moment que celui de la naissance d’un poulain ? Tous les efforts déployés, le stress ressenti et l’argent investi sont oubliés lorsque le poulain naît en bonne santé ! Tellement de facteurs sont incontrôlables en reproduction. Il est toutefois possible de prévenir bon nombre de problèmes grâce à l’alimentation.
LA COTE DE CHAIR
Au moment de la saillie, comme pendant la gestation et la lactation, la poulinière devrait présenter une cote de chair d’environ 6 (on doit sentir facilement les côtes au toucher, mais elles ne doivent pas être visibles). Si la jument est trop maigre, la reproduction sera le cadet de ses soucis : elle est en mode survie. En effet, si elle ne reçoit pas suffisamment de calories pour elle-même, elle ne mettra pas au monde un poulain qui lui en demandera encore plus. À l’autre extrême du spectre, une jument trop grasse risque de subir des dérèglements hormonaux et la fécondation peut être difficile.
Pendant la gestation, la jument doit maintenir un bon état de chair. Si elle perd du poids, cela signifie qu’elle ne reçoit ni assez de calories pour elle-même, ni pour son poulain en développement. Si au contraire elle est trop grasse et, de ce fait, acquiert une résistance à l’insuline, la formation des os peut être touchée et le poulain court davantage le risque d’être atteint d’OCD (ostéochondrose de développement). En effet, la grande majorité des cas d’OCD se déclarent lors de la gestation et les poulains naissent avec cette affection.
Pendant la lactation, la cote de chair doit être le plus stable possible, car si l’apport en calories est insuffisant au point où la jument perd du poids, sa
production de lait risque de diminuer. Les besoins en calories augmentent considérablement durant cette période. En effet, les besoins de la jument
en lactation sont équivalents à ceux d’un cheval de course ! En moyenne, une jument aura besoin d’environ 2 kg de moulée supplémentaire pendant
les trois premiers mois de lactation. Il n’est pas nécessaire qu’elle prenne du poids non plus, en particulier si sa cote de chair était satisfaisante lors du
poulinage, sinon elle devra de toute façon perdre l’excédent plus tard.
La source des calories a aussi son importance. Selon plusieurs études, une moulée contenant une forte teneur en sucres peut aussi affecter le développement du poulain et augmenter les risques d’OCD. On suppose que la réponse insulinique provoquée par de gros repas riches en sucres est semblable à la production en insuline des juments résistantes à cette hormone. Le gras et les fibres sont donc à privilégier comme sources de calories.
LES PROTÉINES
La qualité des protéines est plus importante que la quantité servie. En effet, les protéines sont constituées de chaînes d’acides aminés (22 au total) ;
certains peuvent être produits par le cheval (les acides aminés non essentiels) et d’autres doivent être fournis dans l’alimentation (les acides aminés
essentiels). Parmi ces derniers, la lysine et la méthionine sont les premiers acides aminés limitants chez une jument gestante. Ceux-ci doivent donc idéalement être ajoutés à la ration de la jument. On en retrouve dans certains suppléments et moulées, et ils doivent apparaître dans la liste d’ingrédients. Malheureusement, l’étiquette des aliments pour chevaux ne donne pas toujours ces informations… N’hésitez donc pas à demander la liste d’ingrédients à votre fournisseur de moulée !
Les mêmes acides aminés limitants sont aussi essentiels lors de la lactation. Une jument en carence produira moins de lait. Une bonne façon d’évaluer
sommairement si l’apport en protéines et en acides aminés est suffisant est de vérifier la musculature du dos de la jument. Une musculature déficiente
indique que la quantité ou la qualité des protéines est inadéquate. De plus, une jument dont la musculature dorsale laisse à désirer pourrait avoir de la
difficulté à porter le poids de son poulain.
LES MINÉRAUX ET VITAMINES
Tous les minéraux et vitamines sont importants au moment de la saillie, de la gestation et de la lactation, mais en proportions et en quantités différentes selon le stade. M.me si la cote de chair et la musculature du dos de la jument semblent correctes lorsqu’elle est nourrie au foin exclusivement, elle souffrira de carences, notamment en sélénium et en vitamines, si elle ne reçoit pas au minimum un supplément complet. Lors de la saillie, la jument doit être nourrie en fonction de l’intensité de son travail, de sa cote de chair et de son poids. Il importe de lui fournir une alimentation adéquate plusieurs mois avant la saillie. En effet, il faudra jusqu'à trois mois pour corriger une carence en minéraux et en vitamines, celle-ci pouvant nuire à la fertilité. Les vitamines du complexe B, comme l’acide folique, contribuent à la formation de follicules sains et à améliorer la fertilité.
Pendant les premiers mois de gestation, les besoins de la jument en minéraux et vitamines sont semblables à ceux d’une jument non gestante ayant le
même niveau d’exercice. C’est en fin de gestation (les 5 derniers mois) que les besoins en minéraux et vitamines, particulièrement en calcium et en
phosphore, augmentent en flèche puisque c’est à ce stade que les os du poulain se forment.
Les besoins sont aussi très élevés lors de la lactation, car beaucoup de minéraux et de vitamines sont excrétés dans le lait. Le poulain a besoin notamment de beaucoup de calcium et de phosphore pour la formation de ses os, de sélénium et de vitamine E pour son système immunitaire, etc. De plus, si la jument a une alimentation complète et équilibrée, ses fonctions immunitaires seront optimales et elle produira un colostrum de qualité supérieure (c.-à-d. un lait riche en anticorps).
En contexte de reproduction équine, le recours à des minéraux chélatés s’avère particulièrement intéressant, le sélénium de source organique en particulier. Ces formes de minéraux sont beaucoup plus assimilables, traversent mieux la barrière placentaire et se retrouvent en plus grande quantité dans le lait que les formes habituelles. Recherchez, dans la liste d’ingrédients de vos moulées et suppléments, des termes comme méthionine de zinc et levure de sélénium et évitez les sources de minéraux telles que l’oxyde de zinc et le sélénite de sodium.
AUTRES POINTS À SURVEILLER
Certaines plantes, comme la fétuque élevée que l’on retrouve parfois dans le foin, peuvent s’associer avec des endophytes (champignons) et produire
des substances qui ressemblent aux hormones de la jument. Il est donc important de s’informer sur les plantes fourragères utilisées pour le foin qui
servira aux poulinières. Les grains comme l’avoine, l’orge et le maïs peuvent également contenir des mycotoxines (des toxines produites par des champignons) et ils doivent être analysés afin d’en détecter la présence, le cas échéant. Ces toxines peuvent provoquer des diarrhées, parmi d’autres symptômes chez les chevaux en général, mais dans le cas qui nous intéresse, elles peuvent induire un cycle irrégulier, des avortements embryonnaires et des difficultés lors du poulinage (un décollement placentaire, par exemple).
ET LES OMÉGA-3 ?
Les acides gras oméga-3 sont utiles à toutes les étapes de la reproduction, que ce soit la saillie, la gestation ou la lactation. Ils favorisent de meilleures
fonctions cognitives, entre autres bienfaits.
Vous aurez donc un poulain plus intelligent qui aura plus de facilité à apprendre !
Il peut être utile de faire appel à un technicien ou à un agronome pour établir un programme alimentaire personnalisé pour votre jument. Toutes ces
variables seront bien plus faciles à évaluer avec un programme de calcul de ration. Il est aussi fortement suggéré de faire analyser le foin pour connaître le contenu de la portion principale de l’alimentation de la jument.
N’oubliez pas de consulter votre vétérinaire pour vous doter d’un plan de vermifugation et de vaccination pour la gestation et la lactation, ainsi que
pour le poulain en croissance, afin de mettre toutes les chances de votre côté !
LA COTE DE CHAIR
Au moment de la saillie, comme pendant la gestation et la lactation, la poulinière devrait présenter une cote de chair d’environ 6 (on doit sentir facilement les côtes au toucher, mais elles ne doivent pas être visibles). Si la jument est trop maigre, la reproduction sera le cadet de ses soucis : elle est en mode survie. En effet, si elle ne reçoit pas suffisamment de calories pour elle-même, elle ne mettra pas au monde un poulain qui lui en demandera encore plus. À l’autre extrême du spectre, une jument trop grasse risque de subir des dérèglements hormonaux et la fécondation peut être difficile.
Pendant la gestation, la jument doit maintenir un bon état de chair. Si elle perd du poids, cela signifie qu’elle ne reçoit ni assez de calories pour elle-même, ni pour son poulain en développement. Si au contraire elle est trop grasse et, de ce fait, acquiert une résistance à l’insuline, la formation des os peut être touchée et le poulain court davantage le risque d’être atteint d’OCD (ostéochondrose de développement). En effet, la grande majorité des cas d’OCD se déclarent lors de la gestation et les poulains naissent avec cette affection.
Pendant la lactation, la cote de chair doit être le plus stable possible, car si l’apport en calories est insuffisant au point où la jument perd du poids, sa
production de lait risque de diminuer. Les besoins en calories augmentent considérablement durant cette période. En effet, les besoins de la jument
en lactation sont équivalents à ceux d’un cheval de course ! En moyenne, une jument aura besoin d’environ 2 kg de moulée supplémentaire pendant
les trois premiers mois de lactation. Il n’est pas nécessaire qu’elle prenne du poids non plus, en particulier si sa cote de chair était satisfaisante lors du
poulinage, sinon elle devra de toute façon perdre l’excédent plus tard.
La source des calories a aussi son importance. Selon plusieurs études, une moulée contenant une forte teneur en sucres peut aussi affecter le développement du poulain et augmenter les risques d’OCD. On suppose que la réponse insulinique provoquée par de gros repas riches en sucres est semblable à la production en insuline des juments résistantes à cette hormone. Le gras et les fibres sont donc à privilégier comme sources de calories.
LES PROTÉINES
La qualité des protéines est plus importante que la quantité servie. En effet, les protéines sont constituées de chaînes d’acides aminés (22 au total) ;
certains peuvent être produits par le cheval (les acides aminés non essentiels) et d’autres doivent être fournis dans l’alimentation (les acides aminés
essentiels). Parmi ces derniers, la lysine et la méthionine sont les premiers acides aminés limitants chez une jument gestante. Ceux-ci doivent donc idéalement être ajoutés à la ration de la jument. On en retrouve dans certains suppléments et moulées, et ils doivent apparaître dans la liste d’ingrédients. Malheureusement, l’étiquette des aliments pour chevaux ne donne pas toujours ces informations… N’hésitez donc pas à demander la liste d’ingrédients à votre fournisseur de moulée !
Les mêmes acides aminés limitants sont aussi essentiels lors de la lactation. Une jument en carence produira moins de lait. Une bonne façon d’évaluer
sommairement si l’apport en protéines et en acides aminés est suffisant est de vérifier la musculature du dos de la jument. Une musculature déficiente
indique que la quantité ou la qualité des protéines est inadéquate. De plus, une jument dont la musculature dorsale laisse à désirer pourrait avoir de la
difficulté à porter le poids de son poulain.
LES MINÉRAUX ET VITAMINES
Tous les minéraux et vitamines sont importants au moment de la saillie, de la gestation et de la lactation, mais en proportions et en quantités différentes selon le stade. M.me si la cote de chair et la musculature du dos de la jument semblent correctes lorsqu’elle est nourrie au foin exclusivement, elle souffrira de carences, notamment en sélénium et en vitamines, si elle ne reçoit pas au minimum un supplément complet. Lors de la saillie, la jument doit être nourrie en fonction de l’intensité de son travail, de sa cote de chair et de son poids. Il importe de lui fournir une alimentation adéquate plusieurs mois avant la saillie. En effet, il faudra jusqu'à trois mois pour corriger une carence en minéraux et en vitamines, celle-ci pouvant nuire à la fertilité. Les vitamines du complexe B, comme l’acide folique, contribuent à la formation de follicules sains et à améliorer la fertilité.
Pendant les premiers mois de gestation, les besoins de la jument en minéraux et vitamines sont semblables à ceux d’une jument non gestante ayant le
même niveau d’exercice. C’est en fin de gestation (les 5 derniers mois) que les besoins en minéraux et vitamines, particulièrement en calcium et en
phosphore, augmentent en flèche puisque c’est à ce stade que les os du poulain se forment.
Les besoins sont aussi très élevés lors de la lactation, car beaucoup de minéraux et de vitamines sont excrétés dans le lait. Le poulain a besoin notamment de beaucoup de calcium et de phosphore pour la formation de ses os, de sélénium et de vitamine E pour son système immunitaire, etc. De plus, si la jument a une alimentation complète et équilibrée, ses fonctions immunitaires seront optimales et elle produira un colostrum de qualité supérieure (c.-à-d. un lait riche en anticorps).
En contexte de reproduction équine, le recours à des minéraux chélatés s’avère particulièrement intéressant, le sélénium de source organique en particulier. Ces formes de minéraux sont beaucoup plus assimilables, traversent mieux la barrière placentaire et se retrouvent en plus grande quantité dans le lait que les formes habituelles. Recherchez, dans la liste d’ingrédients de vos moulées et suppléments, des termes comme méthionine de zinc et levure de sélénium et évitez les sources de minéraux telles que l’oxyde de zinc et le sélénite de sodium.
AUTRES POINTS À SURVEILLER
Certaines plantes, comme la fétuque élevée que l’on retrouve parfois dans le foin, peuvent s’associer avec des endophytes (champignons) et produire
des substances qui ressemblent aux hormones de la jument. Il est donc important de s’informer sur les plantes fourragères utilisées pour le foin qui
servira aux poulinières. Les grains comme l’avoine, l’orge et le maïs peuvent également contenir des mycotoxines (des toxines produites par des champignons) et ils doivent être analysés afin d’en détecter la présence, le cas échéant. Ces toxines peuvent provoquer des diarrhées, parmi d’autres symptômes chez les chevaux en général, mais dans le cas qui nous intéresse, elles peuvent induire un cycle irrégulier, des avortements embryonnaires et des difficultés lors du poulinage (un décollement placentaire, par exemple).
ET LES OMÉGA-3 ?
Les acides gras oméga-3 sont utiles à toutes les étapes de la reproduction, que ce soit la saillie, la gestation ou la lactation. Ils favorisent de meilleures
fonctions cognitives, entre autres bienfaits.
Vous aurez donc un poulain plus intelligent qui aura plus de facilité à apprendre !
Il peut être utile de faire appel à un technicien ou à un agronome pour établir un programme alimentaire personnalisé pour votre jument. Toutes ces
variables seront bien plus faciles à évaluer avec un programme de calcul de ration. Il est aussi fortement suggéré de faire analyser le foin pour connaître le contenu de la portion principale de l’alimentation de la jument.
N’oubliez pas de consulter votre vétérinaire pour vous doter d’un plan de vermifugation et de vaccination pour la gestation et la lactation, ainsi que
pour le poulain en croissance, afin de mettre toutes les chances de votre côté !
PROGRAMME ALIMENTAIRE DE BASE POUR UNE JUMENT POULINIÈRE
Pendant les 7 premiers mois de gestation :
– Servir la même moulée qu’avant la gestation
– Supplémenter en minéraux et vitamines au besoin, en fonction de la quantité de moulée servie
– Viser une cote de chair de 6
Du 8e au 10e mois de gestation :
– Servir la même moulée qu’au début de la gestation
– Augmenter considérablement l’apport en minéraux et vitamines
– Viser une cote de chair de 6
Pendant le dernier mois de gestation :
– Passer graduellement à une moulée de lactation
– Changer de supplément au besoin pour avoir une ration complète qui contient un ratio calcium / phosphore d’environ 2:1
– Viser une cote de chair de 6
Pendant la lactation :
– Augmenter les calories (en moyenne 2 kg de moulée par jour, toujours en fonction de la cote de chair et de la production de lait de la jument)
– Augmenter l’apport en minéraux et en vitamines, en visant un ratio calcium / phosphore de 2:1 et un ratio zinc/cuivre de 4:1
– Augmenter l’apport en protéines pour favoriser la production de lait
Pendant les 7 premiers mois de gestation :
– Servir la même moulée qu’avant la gestation
– Supplémenter en minéraux et vitamines au besoin, en fonction de la quantité de moulée servie
– Viser une cote de chair de 6
Du 8e au 10e mois de gestation :
– Servir la même moulée qu’au début de la gestation
– Augmenter considérablement l’apport en minéraux et vitamines
– Viser une cote de chair de 6
Pendant le dernier mois de gestation :
– Passer graduellement à une moulée de lactation
– Changer de supplément au besoin pour avoir une ration complète qui contient un ratio calcium / phosphore d’environ 2:1
– Viser une cote de chair de 6
Pendant la lactation :
– Augmenter les calories (en moyenne 2 kg de moulée par jour, toujours en fonction de la cote de chair et de la production de lait de la jument)
– Augmenter l’apport en minéraux et en vitamines, en visant un ratio calcium / phosphore de 2:1 et un ratio zinc/cuivre de 4:1
– Augmenter l’apport en protéines pour favoriser la production de lait