Protection des milieux naturels
Les 7 principes Sans trace en randonnée
PAR MARIE-HÉLÈNE GAUTHIER
Que ce soit pour repousser vos limites, partir à l’aventure, acquérir de nouvelles compétences à cheval, vous exposer à de nouveaux défis ou tout simplement vous ressourcer et vous rapprocher de la nature, les raisons qui mènent à l’équitation de plein air sont multiples. Mais êtes-vous conscient de l’impact écologique de votre passage ? Comment veiller à protéger les espaces naturels ?
Ces questions ne sont pas nouvelles. Le concept Leave No Trace a vu le jour aux États-Unis dès les années 1960 lorsque le Service des forêts du département de l’agriculture des États-Unis cherchait un moyen de limiter les effets biophysiques de la hausse de la fréquentation des terres publiques. Le Leave No Trace Center for Outdoor Ethics fut fondé en 1994 dans le but d’implanter un programme éducatif axé sur la transmission d’une éthique du plein air. Depuis, le mouvement a pris de l’ampleur. Chez nous, c’est Sans trace Canada qui a pour mission de promouvoir l’usage responsable des aires naturelles chez les adeptes de plein air par l’éducation et la sensibilisation. L’organisme sans but lucratif est l’un des quatre piliers du mouvement Sans trace à travers le monde.
La composante la plus connue du programme est sans doute son cadre de référence constitué des sept principes Sans trace. En voici un rapide survol et quelques pistes de réflexion pour les appliquer à la randonnée équestre de courte ou de longue durée.
1. Se préparer et prévoir
La prévoyance associée à une bonne préparation est gage d’une sortie agréable en toute sécurité. C’est aussi une très bonne manière de protéger
l’environnement. Lorsque le parcours choisi est adapté au niveau, à l’expérience et à la condition physique des cavaliers, meneurs et chevaux du groupe, vous évitez de dépasser vos limites au point où les bonnes intentions risquent d’être remplacées par des préoccupations plus urgentes. Par exemple, si, en étudiant les cartes, le dénivelé d’un sentier a été mal évalué, vous pourriez être tenté de prendre un raccourci hors-piste pour filer vers le campement. Pourtant, ces excursions hors des sentiers établis pour éviter un obstacle risquent d’abimer la végétation, de compacter ou labourer le sol et d’augmenter l’érosion. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’effet d’entraînement ! « Tiens, quelqu’un d’autre est déjà passé par là, il ne doit pas y avoir de problèmes », pourrait-on se dire. Le « juste cette fois » se transforme bien vite en nouvelle piste généralement mal aménagée et peu durable.
2. Se déplacer et camper sur des surfaces durables
Ne serait-ce qu’en raison de leur taille, l’empreinte physique de nos chevaux est considérable. Dans la mesure où le terrain le permet, il est possible d’opter pour des surfaces qui risquent moins d’être labourées par le passage de plusieurs sabots. En restant au milieu du sentier déjà tracé et en vous déplaçant les uns derrière les autres, vous évitez aussi les pertes de végétation en bordure des sentiers et des lieux de campements, et vous limitez l’étendue des dégâts.
Pour abreuver les chevaux à un cours d’eau tout en prévenant l’érosion des berges et la contamination de l’eau, cherchez une descente relativement plane, plutôt sablonneuse ou rocailleuse, plutôt qu’une pente abrupte, argileuse ou couverte de végétation. Lorsque la situation n’est pas idéale, il vaut parfois mieux descendre de cheval et apporter un seau loin de la berge.
3.Gérer adéquatement les déchets
Que faire de nos déchets ? Une bonne préparation permettra d’éviter de laisser les restes de nourriture et d’emballages derrière vous. Vous avez pu l’apporter, vous pouvez le rapporter ! Des livres entiers ont été écrits sur les meilleures astuces pour vaquer à ses besoins en pleine nature, mais qu’en est-il des crottins des chevaux ? Le moyen le plus simple de faciliter le processus de dégradation des boulettes est de les disperser d’un bon coup de pied. Évitons aussi de les laisser en plein milieu du sentier, surtout sur des pistes à usagers multiples.
4. Laisser intact ce que l’on trouve
Pour s’assurer que les prochains visiteurs profitent des mêmes splendeurs que vous, il faut s’efforcer de ne pas cueillir de plantes ou de déplacer des pierres ou des repères culturels. Prenez des photos et gravez vos souvenirs en mémoire plutôt que d’en rapporter dans vos sacoches. Tentez aussi, dans la mesure du possible, de tenir vos montures les plus gourmandes à l’écart des végétaux, pour leur propre bien (certaines plantes de sous-bois sont très toxiques) et pour le bien des milieux les plus fragiles.
5. Minimiser l’impact des feux
Les feux de camp sont très appréciés, mais ils ont un impact considérable sur les milieux sauvages. On n’a qu’à penser aux dangers de feux de forêt, aux feux mal éteints, aux marques de suie qui tachent la pierre à jamais. À cheval, vous avez l’avantage de pouvoir transporter un peu plus d’équipement qu’à pied. Les réchauds de camping sont très efficaces et ont un très faible impact sur le milieu immédiat. Veillez toutefois à ce que le combustible se trouve dans des contenants homologués étanches pour prévenir les accidents ou les brûlures chimiques.
6. Respecter la vie sauvage
C’est toujours une grande joie de croiser la faune sauvage en randonnée. Mais, n’oubliez pas que vous êtes seulement de passage dans leur habitat et qu’il est préférable de garder une saine distance pour ne pas modifier leurs comportements, les exposer à des dangers ou à des problèmes de santé. Pour ce faire, rangez les aliments et les ordures restantes hors de leur portée pour éviter de les attirer. Personne ne veut attirer des ours dans les sentiers équestres ! En se tenant à bonne distance, il devient plus aisé de contrôler vos montures et animaux de compagnie, et vous freinez également la transmission de maladies.
7. Respecter les autres visiteurs
Les sentiers équestres sont rarement des sentiers à usage exclusif et la pérennité des accès dépend de votre capacité à faire preuve de leadership et de courtoisie envers les autres usagers. Ce peut être tout simplement en communiquant calmement et clairement les besoins particuliers des chevaux et des cavaliers. En outre, sortir d’un sentier à cheval a plus d’impact sur le milieu que de demander au randonneur à pied ou au cycliste de céder le passage, mais il ne faut pas présumer que ces derniers connaissent les réactions et comportements des chevaux. Pour le commun des mortels, un cheval est un animal impressionnant et même un peu effrayant. Si vous saluez cordialement ceux que vous croisez sur les sentiers et que vous prenez les devants pour expliquer vos besoins, tout est en place pour une cohabitation agréable.
Parmi les nombreuses raisons de mettre en pratique les principes Sans trace en équitation de plein air, notons particulièrement le maintien de l’accès aux sentiers. Au Québec, une grande part des sentiers équestres se trouvent en terres privées, c’est-à-dire chez des propriétaires terriens qui accordent des droits de passage à des clubs gestionnaires. L’adoption de balises claires quant au comportement qui est attendu des membres des clubs et des usagers de ces sentiers se veut donc une excellente manière de rassurer ces propriétaires et d’entretenir de bonnes relations avec eux. Elle pourrait même s’avérer un argument de négociation en or pour élargir les réseaux.
En fin de compte, rappelons-nous que les sept principes Sans trace sont un guide vers une pratique plus respectueuse du milieu naturel et des gens. L’objectif est d’aider les adeptes de plein air à reconnaître les effets cumulatifs de certains comportements, fondés sur les dernières recherches scientifiques, pour réduire les traces de leur passage. Puisque le programme éducatif Sans trace est fondé sur la participation, l’échange de connaissances et le partage des expériences de chacun, il rend possible la discussion et l’évolution des mentalités, une prise de conscience et un petit geste à la fois. N’est-ce pas une belle manière de devenir de meilleurs gardiens des espaces naturels afin d’en profiter encore longtemps ?
Un grand merci à Danielle Landry, fondatrice de De ville en forêt et maître instructrice Sans trace, pour ses précieux conseils dans la rédaction de cet article.
Ces questions ne sont pas nouvelles. Le concept Leave No Trace a vu le jour aux États-Unis dès les années 1960 lorsque le Service des forêts du département de l’agriculture des États-Unis cherchait un moyen de limiter les effets biophysiques de la hausse de la fréquentation des terres publiques. Le Leave No Trace Center for Outdoor Ethics fut fondé en 1994 dans le but d’implanter un programme éducatif axé sur la transmission d’une éthique du plein air. Depuis, le mouvement a pris de l’ampleur. Chez nous, c’est Sans trace Canada qui a pour mission de promouvoir l’usage responsable des aires naturelles chez les adeptes de plein air par l’éducation et la sensibilisation. L’organisme sans but lucratif est l’un des quatre piliers du mouvement Sans trace à travers le monde.
La composante la plus connue du programme est sans doute son cadre de référence constitué des sept principes Sans trace. En voici un rapide survol et quelques pistes de réflexion pour les appliquer à la randonnée équestre de courte ou de longue durée.
1. Se préparer et prévoir
La prévoyance associée à une bonne préparation est gage d’une sortie agréable en toute sécurité. C’est aussi une très bonne manière de protéger
l’environnement. Lorsque le parcours choisi est adapté au niveau, à l’expérience et à la condition physique des cavaliers, meneurs et chevaux du groupe, vous évitez de dépasser vos limites au point où les bonnes intentions risquent d’être remplacées par des préoccupations plus urgentes. Par exemple, si, en étudiant les cartes, le dénivelé d’un sentier a été mal évalué, vous pourriez être tenté de prendre un raccourci hors-piste pour filer vers le campement. Pourtant, ces excursions hors des sentiers établis pour éviter un obstacle risquent d’abimer la végétation, de compacter ou labourer le sol et d’augmenter l’érosion. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’effet d’entraînement ! « Tiens, quelqu’un d’autre est déjà passé par là, il ne doit pas y avoir de problèmes », pourrait-on se dire. Le « juste cette fois » se transforme bien vite en nouvelle piste généralement mal aménagée et peu durable.
2. Se déplacer et camper sur des surfaces durables
Ne serait-ce qu’en raison de leur taille, l’empreinte physique de nos chevaux est considérable. Dans la mesure où le terrain le permet, il est possible d’opter pour des surfaces qui risquent moins d’être labourées par le passage de plusieurs sabots. En restant au milieu du sentier déjà tracé et en vous déplaçant les uns derrière les autres, vous évitez aussi les pertes de végétation en bordure des sentiers et des lieux de campements, et vous limitez l’étendue des dégâts.
Pour abreuver les chevaux à un cours d’eau tout en prévenant l’érosion des berges et la contamination de l’eau, cherchez une descente relativement plane, plutôt sablonneuse ou rocailleuse, plutôt qu’une pente abrupte, argileuse ou couverte de végétation. Lorsque la situation n’est pas idéale, il vaut parfois mieux descendre de cheval et apporter un seau loin de la berge.
3.Gérer adéquatement les déchets
Que faire de nos déchets ? Une bonne préparation permettra d’éviter de laisser les restes de nourriture et d’emballages derrière vous. Vous avez pu l’apporter, vous pouvez le rapporter ! Des livres entiers ont été écrits sur les meilleures astuces pour vaquer à ses besoins en pleine nature, mais qu’en est-il des crottins des chevaux ? Le moyen le plus simple de faciliter le processus de dégradation des boulettes est de les disperser d’un bon coup de pied. Évitons aussi de les laisser en plein milieu du sentier, surtout sur des pistes à usagers multiples.
4. Laisser intact ce que l’on trouve
Pour s’assurer que les prochains visiteurs profitent des mêmes splendeurs que vous, il faut s’efforcer de ne pas cueillir de plantes ou de déplacer des pierres ou des repères culturels. Prenez des photos et gravez vos souvenirs en mémoire plutôt que d’en rapporter dans vos sacoches. Tentez aussi, dans la mesure du possible, de tenir vos montures les plus gourmandes à l’écart des végétaux, pour leur propre bien (certaines plantes de sous-bois sont très toxiques) et pour le bien des milieux les plus fragiles.
5. Minimiser l’impact des feux
Les feux de camp sont très appréciés, mais ils ont un impact considérable sur les milieux sauvages. On n’a qu’à penser aux dangers de feux de forêt, aux feux mal éteints, aux marques de suie qui tachent la pierre à jamais. À cheval, vous avez l’avantage de pouvoir transporter un peu plus d’équipement qu’à pied. Les réchauds de camping sont très efficaces et ont un très faible impact sur le milieu immédiat. Veillez toutefois à ce que le combustible se trouve dans des contenants homologués étanches pour prévenir les accidents ou les brûlures chimiques.
6. Respecter la vie sauvage
C’est toujours une grande joie de croiser la faune sauvage en randonnée. Mais, n’oubliez pas que vous êtes seulement de passage dans leur habitat et qu’il est préférable de garder une saine distance pour ne pas modifier leurs comportements, les exposer à des dangers ou à des problèmes de santé. Pour ce faire, rangez les aliments et les ordures restantes hors de leur portée pour éviter de les attirer. Personne ne veut attirer des ours dans les sentiers équestres ! En se tenant à bonne distance, il devient plus aisé de contrôler vos montures et animaux de compagnie, et vous freinez également la transmission de maladies.
7. Respecter les autres visiteurs
Les sentiers équestres sont rarement des sentiers à usage exclusif et la pérennité des accès dépend de votre capacité à faire preuve de leadership et de courtoisie envers les autres usagers. Ce peut être tout simplement en communiquant calmement et clairement les besoins particuliers des chevaux et des cavaliers. En outre, sortir d’un sentier à cheval a plus d’impact sur le milieu que de demander au randonneur à pied ou au cycliste de céder le passage, mais il ne faut pas présumer que ces derniers connaissent les réactions et comportements des chevaux. Pour le commun des mortels, un cheval est un animal impressionnant et même un peu effrayant. Si vous saluez cordialement ceux que vous croisez sur les sentiers et que vous prenez les devants pour expliquer vos besoins, tout est en place pour une cohabitation agréable.
Parmi les nombreuses raisons de mettre en pratique les principes Sans trace en équitation de plein air, notons particulièrement le maintien de l’accès aux sentiers. Au Québec, une grande part des sentiers équestres se trouvent en terres privées, c’est-à-dire chez des propriétaires terriens qui accordent des droits de passage à des clubs gestionnaires. L’adoption de balises claires quant au comportement qui est attendu des membres des clubs et des usagers de ces sentiers se veut donc une excellente manière de rassurer ces propriétaires et d’entretenir de bonnes relations avec eux. Elle pourrait même s’avérer un argument de négociation en or pour élargir les réseaux.
En fin de compte, rappelons-nous que les sept principes Sans trace sont un guide vers une pratique plus respectueuse du milieu naturel et des gens. L’objectif est d’aider les adeptes de plein air à reconnaître les effets cumulatifs de certains comportements, fondés sur les dernières recherches scientifiques, pour réduire les traces de leur passage. Puisque le programme éducatif Sans trace est fondé sur la participation, l’échange de connaissances et le partage des expériences de chacun, il rend possible la discussion et l’évolution des mentalités, une prise de conscience et un petit geste à la fois. N’est-ce pas une belle manière de devenir de meilleurs gardiens des espaces naturels afin d’en profiter encore longtemps ?
Un grand merci à Danielle Landry, fondatrice de De ville en forêt et maître instructrice Sans trace, pour ses précieux conseils dans la rédaction de cet article.
Pour approfondir la question :
• De ville en forêt : www.devilleenforet.com/les-sept-principes-sans-trace
• Sans trace Canada : www.sanstrace.ca
• Back Country Horsemen of British Columbia : www.bchorsemen.org
• Leave No Trace Center for Outdoor Ethics : www.lnt.org
• De ville en forêt : www.devilleenforet.com/les-sept-principes-sans-trace
• Sans trace Canada : www.sanstrace.ca
• Back Country Horsemen of British Columbia : www.bchorsemen.org
• Leave No Trace Center for Outdoor Ethics : www.lnt.org