NUTRITION
La gestion nutritionnelle en période de sevrage
2e partie - Favoriser une croissance stable et optimale
JOSÉE LALONDE, agr, M.A.
La première partie de ce dossier mettait l’emphase sur une bonne gestion de la nutrition afin de préparer optimalement les périodes de sevrage du poulain et de tarissement de la poulinière. Dans cette deuxième partie, le projecteur est orienté vers l’alimentation du poulain post-sevrage, si importante pour sa croissance. La préparation d’un programme alimentaire adapté aux besoins du jeune en plein développement repose sur une règle d’or bien connue des nutritionnistes équins, mais encore peu appliquée par les propriétaires de chevaux.
UNE RÈGLE D’OR TROP SOUVENT IGNORÉE…
Quelle est cette fameuse règle d’or pour le poulain sevré ? Il est recommandé de servir 1 à 1,5 lb (450 à 680 g) de concentrés par mois d’âge, par jour, ce qui, par exemple, équivaut à une quantité de 6 à 9 lb (2,7 à 4,1 kg) d’aliments concentrés par jour pour un poulain de 6 mois. Cette règle peut s’appliquer dès la semaine du sevrage et peut être maintenue parfois jusqu’à 8 ou 9 mois d’âge, voire plus, selon le cas. Cette quantité peut même être plus importante selon le rythme de croissance recherché ; pour des poulains destinés à la vente, bon nombre d’éleveurs recherchent une croissance optimale plus rapide. Pour le poney tout juste sevré, les quantités préconisées sont moindres, soit 0,5 à 0,75 lb (225 à 340 g) par mois d’âge, par jour. Évidemment, comme pour toute règle, il existe des exceptions ; le type de cheval, à sang-froid ou chaud, le métabolisme, rapide ou lent, et les capacités digestives individuelles influencent les quantités préconisées.
Cette règle d’or reste trop souvent ignorée par des propriétaires inquiets de suralimenter leur futur champion ou compagnon de loisir. Malheureusement, de cette crainte découle fréquemment une sous-alimentation et un rythme de croissance réduit chez le jeune, ce qui se traduit souvent par une condition corporelle déficiente, un poil terne et rêche et un « bedon de foin ». La fibre du foin, peu fermentée par le microbiome intestinal encore sous-développé du jeune, est mal utilisée par ce dernier et s’accumule dans son gros intestin, donnant cette apparence de « bedon de foin ». En d’autres mots, même si le poulain sevré consomme du foin à volonté, c’est rarement suffisant pour combler ses besoins énergétiques très élevés. Les concentrés ont donc pour objectif de lui fournir ce que le foin ne peut lui donner en quantité suffisante, notamment l’énergie digestible (calories), la protéine, les acides aminés essentiels et certains vitamines et minéraux, incluant le sélénium, absent des sols québécois, ainsi que le calcium, phosphore, cuivre, zinc et manganèse.
ÉVALUER L’ÉTAT CORPOREL
L’objectif nutritionnel recherché pour tous les poulains sevrés reste le même : servir une ration alimentaire complète et équilibrée favorisant une croissance stable et régulière. En termes de condition de chair, celle que l’on recherche pour le jeune, et ce jusqu’à 22- 24 mois, se situe entre 4,5 et 5 sur une échelle de 1 à 9. Percevoir le profil des deux ou trois dernières côtes est souhaitable (cote de 4,5), mais pas davantage ; si vous voyez une bonne partie de la cage thoracique de votre poulain une fois qu’il est sevré, il est en carence énergétique et son développement sera forcément affecté. Au contraire, si vous sentez difficilement ses dernières côtes à la palpation, votre poulain est trop gras et l’apport calorique doit être diminué, sans pour autant que l’apport en protéine, vitamines et minéraux soit réduit.
En général, une moulée dosant 14 % en protéine est nécessaire pour combler les besoins d’un weanling nourri au pâturage ou à l’aide d’un foin mélangé fait de légumineuses et de graminées. Pour le poulain alimenté d’un foin de graminées seulement, une moulée dosant au moins 16 % en protéine est habituellement recommandée. Et contrairement aux idées reçues sur la protéine, un apport supérieur aux besoins du jeune, pourvu bien sûr qu’il ne soit pas exagéré, n’entraîne pas de problèmes orthopédiques de développement. Selon de récentes études, c’est plutôt un apport d’énergie trop élevé qui en est la cause principale, d’autant plus quand l’apport en minéraux est insuffisant ou déséquilibré. Pour cette raison, il est essentiel de maintenir la cote de chair du poulain entre 4,5 et 5, pas plus. Aussi, toujours dans le but de minimiser les risques d’apparition de problèmes de croissance (épiphysites, ostéochondrose, contracture de tendons, etc.), les sources d’énergie fournies par les concentrés doivent majoritairement provenir d’ingrédients fibreux et de gras végétal plutôt que d’ingrédients riches en hydrates de carbone non structuraux (HCNS). Une étiquette de moulée indiquant un pourcentage élevé de gras végétal et de fibres est habituellement gage d’un aliment réduit en HCNS. Si possible, optez pour un aliment complet extrudé réduit en HCNS ; en plus d’être très sécuritaire, ce type de moulée optimise la digestibilité des nutriments et leur absorption par le poulain.
Comme pour tous les chevaux, le poulain sevré doit avoir accès à de l’eau fraîche en tout temps. Du sel, sous forme de petit bloc ou, encore mieux, sous forme de granules ajoutées à chaque repas, doit également lui être offert quotidiennement. Stimuler la consommation d’eau demeure extrêmement important puisque le lait maternel, constitué en grande partie d’eau, n’est plus disponible.
Comme vous le constatez, en période de sevrage et pour les mois à suivre, la gestion alimentaire de maman et, surtout, de bébé n’est pas simple. Servir au weanling une ration complète et équilibrée favorisant une croissance saine et sécuritaire demande un savant mélange d’art, de connaissances et d’expérience. Méfiez-vous des idées préconçues et, au besoin, demandez l’aide d’un agronome de confiance et de votre vétérinaire. Ce dernier saura vous conseiller quant à l’utilité temporaire d’une médication destinée à la prévention des ulcères gastriques chez votre poulain, malheureusement très fréquents dû au stress associé à une perte d’appétit post-sevrage. Surtout, n’oubliez pas que la séparation maternelle se prépare minutieusement et que l’alimentation de votre futur champion durant sa croissance influencera forcément sa carrière future.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com
UNE RÈGLE D’OR TROP SOUVENT IGNORÉE…
Quelle est cette fameuse règle d’or pour le poulain sevré ? Il est recommandé de servir 1 à 1,5 lb (450 à 680 g) de concentrés par mois d’âge, par jour, ce qui, par exemple, équivaut à une quantité de 6 à 9 lb (2,7 à 4,1 kg) d’aliments concentrés par jour pour un poulain de 6 mois. Cette règle peut s’appliquer dès la semaine du sevrage et peut être maintenue parfois jusqu’à 8 ou 9 mois d’âge, voire plus, selon le cas. Cette quantité peut même être plus importante selon le rythme de croissance recherché ; pour des poulains destinés à la vente, bon nombre d’éleveurs recherchent une croissance optimale plus rapide. Pour le poney tout juste sevré, les quantités préconisées sont moindres, soit 0,5 à 0,75 lb (225 à 340 g) par mois d’âge, par jour. Évidemment, comme pour toute règle, il existe des exceptions ; le type de cheval, à sang-froid ou chaud, le métabolisme, rapide ou lent, et les capacités digestives individuelles influencent les quantités préconisées.
Cette règle d’or reste trop souvent ignorée par des propriétaires inquiets de suralimenter leur futur champion ou compagnon de loisir. Malheureusement, de cette crainte découle fréquemment une sous-alimentation et un rythme de croissance réduit chez le jeune, ce qui se traduit souvent par une condition corporelle déficiente, un poil terne et rêche et un « bedon de foin ». La fibre du foin, peu fermentée par le microbiome intestinal encore sous-développé du jeune, est mal utilisée par ce dernier et s’accumule dans son gros intestin, donnant cette apparence de « bedon de foin ». En d’autres mots, même si le poulain sevré consomme du foin à volonté, c’est rarement suffisant pour combler ses besoins énergétiques très élevés. Les concentrés ont donc pour objectif de lui fournir ce que le foin ne peut lui donner en quantité suffisante, notamment l’énergie digestible (calories), la protéine, les acides aminés essentiels et certains vitamines et minéraux, incluant le sélénium, absent des sols québécois, ainsi que le calcium, phosphore, cuivre, zinc et manganèse.
ÉVALUER L’ÉTAT CORPOREL
L’objectif nutritionnel recherché pour tous les poulains sevrés reste le même : servir une ration alimentaire complète et équilibrée favorisant une croissance stable et régulière. En termes de condition de chair, celle que l’on recherche pour le jeune, et ce jusqu’à 22- 24 mois, se situe entre 4,5 et 5 sur une échelle de 1 à 9. Percevoir le profil des deux ou trois dernières côtes est souhaitable (cote de 4,5), mais pas davantage ; si vous voyez une bonne partie de la cage thoracique de votre poulain une fois qu’il est sevré, il est en carence énergétique et son développement sera forcément affecté. Au contraire, si vous sentez difficilement ses dernières côtes à la palpation, votre poulain est trop gras et l’apport calorique doit être diminué, sans pour autant que l’apport en protéine, vitamines et minéraux soit réduit.
En général, une moulée dosant 14 % en protéine est nécessaire pour combler les besoins d’un weanling nourri au pâturage ou à l’aide d’un foin mélangé fait de légumineuses et de graminées. Pour le poulain alimenté d’un foin de graminées seulement, une moulée dosant au moins 16 % en protéine est habituellement recommandée. Et contrairement aux idées reçues sur la protéine, un apport supérieur aux besoins du jeune, pourvu bien sûr qu’il ne soit pas exagéré, n’entraîne pas de problèmes orthopédiques de développement. Selon de récentes études, c’est plutôt un apport d’énergie trop élevé qui en est la cause principale, d’autant plus quand l’apport en minéraux est insuffisant ou déséquilibré. Pour cette raison, il est essentiel de maintenir la cote de chair du poulain entre 4,5 et 5, pas plus. Aussi, toujours dans le but de minimiser les risques d’apparition de problèmes de croissance (épiphysites, ostéochondrose, contracture de tendons, etc.), les sources d’énergie fournies par les concentrés doivent majoritairement provenir d’ingrédients fibreux et de gras végétal plutôt que d’ingrédients riches en hydrates de carbone non structuraux (HCNS). Une étiquette de moulée indiquant un pourcentage élevé de gras végétal et de fibres est habituellement gage d’un aliment réduit en HCNS. Si possible, optez pour un aliment complet extrudé réduit en HCNS ; en plus d’être très sécuritaire, ce type de moulée optimise la digestibilité des nutriments et leur absorption par le poulain.
Comme pour tous les chevaux, le poulain sevré doit avoir accès à de l’eau fraîche en tout temps. Du sel, sous forme de petit bloc ou, encore mieux, sous forme de granules ajoutées à chaque repas, doit également lui être offert quotidiennement. Stimuler la consommation d’eau demeure extrêmement important puisque le lait maternel, constitué en grande partie d’eau, n’est plus disponible.
Comme vous le constatez, en période de sevrage et pour les mois à suivre, la gestion alimentaire de maman et, surtout, de bébé n’est pas simple. Servir au weanling une ration complète et équilibrée favorisant une croissance saine et sécuritaire demande un savant mélange d’art, de connaissances et d’expérience. Méfiez-vous des idées préconçues et, au besoin, demandez l’aide d’un agronome de confiance et de votre vétérinaire. Ce dernier saura vous conseiller quant à l’utilité temporaire d’une médication destinée à la prévention des ulcères gastriques chez votre poulain, malheureusement très fréquents dû au stress associé à une perte d’appétit post-sevrage. Surtout, n’oubliez pas que la séparation maternelle se prépare minutieusement et que l’alimentation de votre futur champion durant sa croissance influencera forcément sa carrière future.
Écrit en collaboration avec les moulées Blue Seal
www.blueseal.com